"Ce n'est pas un confinement": à Paris, les restrictions sanitaires ont plutôt un goût d'allègement

À Paris, dans les rues et sur les quais, de nombreuses personnes ont profité d'un samedi froid mais ensoleillé pour se promener et se retrouver, masque sur le visage. La capitale, comme toute l'Île-de-France, est pourtant soumise pour au moins quatre semaines à de nouvelles restrictions.
Mais ce qui semblait s'apparenter, jeudi, lors des annonces du gouvernement, à un troisième confinement, ne ressemble pas aux deux premiers qu'à connus la France au printemps et à l'automne 2020.
"Je ne pense pas que ce soit un troisième confinement. C'est un peu la prolongation de ce que l'on vit avec quelques adaptations, mais ce n'est pas un confinement", a ainsi estimé un Parisien, interrogé samedi sur BFM Paris, alors qu'il se trouvait sur les quais de Seine.
"Je suis un peu dans l'incompréhension"
Les règles, qui ont pu changer ou être affinées ces dernières heures, ont déboussolé des habitants de la Capitale, qui n'ont pas compris ce qui était désormais possible ou interdit de faire.
"Je suis un peu dans l'incompréhension sur les nouvelles mesures. Je ne comprends pas trop ce qui est ouvert, ce qui est fermé, ce que l'on ne peut plus faire par rapport à avant. C'est un peu spécial", s'est interrogée une Parisienne sur BFM Paris.
Pour d'autres, certaines mesures, comme le recul du couvre-feu à 19 heures, sont même vécues avec soulagement.
"Finalement, ça va être mieux qu'avant puisqu'on va gagner une heure le soir, avec le couvre-feu à 19 heures" s'est réjouie Louise, une prof de yoga, auprès de l'Agence France-Presse (AFP). "La seule vraie différence, c'est la limite des 10 km. C'est probablement une chose cohérente pour éviter la propagation", a-t-elle ajouté.
Des effets dans quinze jours?
Patrick Berche, médecin biologiste, considère aussi que les départements confinés ne le sont pas vraiment.
"En fait nous ne sommes pas dans un confinement. Je pense que le confinement complet n'aurait pas été accepté par la population. Là c'est plutôt une restriction, on n'a pas le droit d'aller à plus de 10 kilomètres", a-t-il affirmé ce dimanche sur le plateau de BFMTV.
"Je ne sais pas si ce sera efficace, je le souhaite, mais on ne verra les effets que dans quinze jours. C'est une situation très précaire et il n'est pas sûr qu'on ne soit pas amenés à aller plus loin dans le confinement", a poursuivi le membre de l'Académie de médecine.
Un mot récusé par l'exécutif
La règle semble également avoir été donnée aux membres du gouvernement de ne pas employer le mot "confinement". Emmanuel Macron a peu apprécié, selon nos informations, que Jean Castex l'utilise à plusieurs reprises lors de sa conférence de presse, jeudi. Le chef de l'Etat, en marge d'une rencontre à l'Elysée à l'occasion de la Journée de la francophonie vendredi, a estimé que le terme "n'est pas adapté à la stratégie" de l'exécutif. Dans une interview au Parisien, samedi, Olivier Véran est resté sur la même ligne.
"Je me refuse à parler de confinement tout simplement parce que ce n'en est pas un! Il y a un an, quand j'ai signé les arrêtés du confinement, le mot d'ordre était: 'Restez chez vous'. Ce terme évoque aux Français les semaines difficiles qu'ils ont passés enfermés chez eux. La situation est différente. Si je devais improviser un slogan ce serait: 'S'aérer pour souffler, se distancier pour se protéger'", a expliqué le ministre de la Santé au quotidien.
Seize départements (les huit d'Île-de-France, les cinq des Hauts-de-France, la Seine-Maritime, l'Eure et les Alpes-Maritimes) sont concernés par ces mesures. De nombreux commerces sont fermés, les déplacements entre les régions sont interdits et les regroupements de plus de six personnes à l'extérieur ne sont pas possibles.
Il est cependant autorisé de se déplacer la journée, de se promener, de faire des achats ou de pratiquer une activité sportive à l'extérieur sans limite de temps et sans avoir à présenter d'attestation, dans un rayon de 10 kilomètres autour de son domicile. Un document attestant de l'adresse de son habitation, comme la carte d'identité, suffit désormais. La première version de l'attestation, jugée peu compréhensible, a été mise à jour samedi. Il faut désormais la remplir seulement si l'on se déplace au-delà des 10 kilomètres.
Que changent, finalement, les nouvelles restrictions pour les personnes qui y sont confrontées? Peu de choses selon Philippe, interrogé samedi par l'AFP lors d'une promenade sur les quais de Seine: "Je ne vois aucun changement, à part les boutiques fermées."