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Mayotte

"On est face à des charniers": Emmanuel Macron interpellé par la députée de Mayotte Estelle Youssouffa

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En déplacement à Mayotte, Emmanuel Macron a été interpellé à de nombreuses reprises ce jeudi 19 décembre sur la situation dramatique dans l'archipel après le passage du cyclone Chido. La députée Liot de Mayotte Estelle Youssouffa lui a décrit "des charniers à ciel ouvert".

Une situation dramatique. Emmanuel Macron, en déplacement à Mayotte après le passage dévastateur du cyclone Chido, qui a fait 31 morts et environ 1.400 blessés selon un bilan toujours provisoire, a été interpellé à plusieurs reprises sur l'état de l'archipel ce jeudi 19 décembre.

Il a notamment échangé avec la députée Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot) de Mayotte Estelle Youssouffa, qui a alerté le chef de l'État sur l'absence de secours dans certaines zones.

Les bidonvilles ont été "rasés" et "le sénateur (de Mayotte, NDLR) Omar Oili a dit que les corps étaient en putréfaction, on sentait les odeurs monter à la vigie", a-t-elle décrit. "On est face à des charniers, il n'y a pas de sauveteurs, personne n'a pu aller dans les zones qui ont été totalement rasées, les corps sont ensevelis, ce sont des charniers à ciel ouvert", a ajouté l'élue.

Les secours pas arrivés dans les quartiers "informels"

"Où ça principalement?", a demandé le chef de l'État. Le préfet de Mayotte a alors confirmé que les secours n'ont pas encore pu se rendre dans les "quartiers informels". "Elles sont mortes ces personnes", a alors déploré une soignante qui assistait à l'échange, soulignant que ces victimes sont ensevelies depuis samedi.

Selon l'Insee, quatre logements sur dix étaient en tôle à Mayotte en 2017, et hébergeaient surtout des immigrés en situation irrégulière venant des Comores voisines. Une large partie de ces logements précaires a été pulvérisée par le cyclone. Les autorités craignent donc un bilan bien plus lourd que les 31 morts pour l'instant recensés.

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Emmanuel Macron a été interpellé par plusieurs habitants ce jeudi sur la détresse des Mahorais. "L'eau n'y est pas, aucun service n'est là, après six jours c'est normal!?", s'est écrié l'un d'entre eux face au président. "Soit vous voulez parler, soit vous voulez écouter", a répondu le président.

"Vous, vous dites (...) que tout va bien! Mais moi, les secours, ils ne sont pas arrivés chez moi!", a dénoncé le Mahorais, avant de poursuivre un échange tendu avec le chef de l'État.

"Restez une semaine! Passez par tous les coins. Mayotte, y'a rien qui reste. Tout est parti", l'a également supplié en larmes Assane Halo, employée à la sûreté de l'aéroport de Petite-Terre où le chef de l'État a atterri. "On n'a rien. Pas d'eau. Rien pour s'abriter (...) On ne peut payer qu'en liquide, qu'est ce qu'on va manger?", demande-t-elle, pointant aussi l'urgence de rétablir l'électricité et l'approvisionnement en essence.

"Donnez des aides. Des solutions mais des solutions qui aboutissent", le prie-t-elle encore. "Nos maisons sont détruites. Nos enfants sont traumatisés, on a besoin que les assurances jouent le jeu", a insisté Assane Halo. Emmanuel Macron lui a promis que "tout se fera, étape par étape".

Pas de "démission" de l'État

Emmanuel Macron a rejeté jeudi les accusations de "démission" de l'État à Mayotte face aux dévastations causées par l'ouragan Chido et annoncé que les non-assurés bénéficieraient d'une indemnisation.

"Je ne peux pas laisser dire (...) que l'État aurait ici démissionné", a-t-il lancé en découvrant les dégâts dans un quartier de Mamoudzou, chef-lieu du département. "On va mettre en place un fonds d'indemnisation pour accompagner ceux qui ne sont pas assurés", a-t-il ajouté, sans en préciser l'abondement. La France a par ailleurs activé le mécanisme de protection civile de l'Union européenne pour venir en aide à Mayotte.

Sophie Cazaux