Cyclone Chido à Mayotte: pourquoi il est si difficile d'établir un bilan humain

Photographie de Mayotte publiée par la Sécurité civile le 15 décembre 2024 - Handout © 2019 AFP
"Nous craignons que le bilan humain soit lourd", prévenait dès samedi 14 décembre le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. Au lendemain du passage dévastateur du cyclone Chido sur l'île de Mayotte, le dernier bilan humain, qui reste très provisoire, fait état de 14 morts et 250 blessés. Un chiffre qui risque de considérablement augmenter dans les prochaines heures. Jusqu'à atteindre "plusieurs centaines" de morts, redoute la préfecture.
"Peut-être approcherons-nous le millier, voire quelques milliers (de morts). Mais il est évident que vu la violence de cet événement (...) le décompte sera beaucoup plus important", souligne François-Xavier Bieuville, préfet de Mayotte, sur Mayotte La 1ère.
Il apparaît, en effet, très compliqué d'estimer, pour l'heure, quel sera le nombre de morts à déplorer à Mayotte après le passage du cyclone, tant l'île est dévastée. Il aura fallu plusieurs heures pour que les premiers renforts de secours n'arrivent dans le petit archipel de l'océan Indien, via un pont aérien mis en place ce dimanche depuis La Réunion.
"Le bilan humain est très délicat à consolider", a de nouveau mis en garde le ministère de l'Intérieur dans l'après-midi. Les infrastructures publiques, notamment l'hôpital de l'île, son aéroport et ses écoles, sont dévastées et "l'habitat précaire a été entièrement détruit", annonçait-on samedi place Beauvau en évoquant les nombreux bidonvilles.
"Un bilan dramatique"
Autant de débris qui rendent les routes de l'île totalement impraticables et compliquent l'acheminement des secours et de l'armée, et donc la recherche de survivants ou de corps.
"La situation est extrêmement grave. On a les deux tiers de l'île où on n'arrive pas à avoir de nouvelles, on n'arrive pas à les contacter et à y accéder", commente Estelle Youssouffa, députée "LIOT" de Mayotte sur BFMTV.
"Des milliers de personnes ont certainement été ensevelies sous les coulées de boue et les tôles, donc on va avoir un bilan dramatique", ajoute l'élue.
"Là, on donne les chiffres officiels, mais en fait, il y a de très nombreux disparus. Il ne faut pas confondre les villages qui sont coupés de toute communication (...) et les bidonvilles, où il y a très peu de chance qu'il y ait des survivants. Tout a été rasé", continue Estelle Youssouffa, soulignant que Mayotte est un désert médical et demandant la déclaration de l'État d'urgence pour pouvoir déployer l'armée et sécuriser l'île.
À ces recherches difficiles, voire impossibles, s'ajoute un autre facteur, religieux: 95% des Mahorais sont de confession musulmane, de rite sunnite. Ainsi, l'enterrement d'un corps doit se faire dans les 24 heures suivant son décès. Ce qui pourrait compliquer un peu plus l'estimation d'un bilan humain sur place.
Enfin, à Mayotte, on dénombre plus de 100.000 habitants clandestins, selon le ministère de l'Intérieur, sur les 320.000 que compte officiellement l'île. Ce qui rend également quasi impossible un bilan exhaustif des morts du cyclone Chido.