Sécheresse, canicule... Pourquoi l'été s'annonce compliqué sur le front des incendies

Un pompier lutte contre un incendie dans une forêt de Genille, le 18 juin 2022 en Indre-et-Loire - GUILLAUME SOUVANT © 2019 AFP
Le mois de juillet vient de débuter et les pompiers sont déjà sur-mobilisés. Dans les Bouches-du-Rhône, tous les massifs sont fermés en raison des risques d'incendies. Ce jeudi, un incendie de végétation s'est déclaré sur la commune d'Arles.
Il s'ajoute à une longue liste d'autres départs de feu cette année en France, notamment depuis l'épisode caniculaire de juin. En effet, depuis le début de l'année, plus de 600 départs de feu ont été comptés sur le seul arc méditerranéen.
"Une situation explosive" selon les mots de Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, invité de BFMTV ce jeudi.
Sécheresse, chaleur et vent
Si les incendies ne sont jamais des événements rares en été, notamment dans le sud du pays, les conditions favorables à leur déclenchement sont particulièrement importantes cette année.
"Une sécheresse récurrente d'année en année, un déficit de pluviométrie depuis le début de l'année et un vent qui s'accélère et qui fait l'effet d'un sèche-cheveux sur la végétation", résume Grégory Allione.
C'est la conjonction de ces éléments qui fait de cet été 2022 une saison particulièrement à risque.
"Il n’y a plus de saison de feux"
C'est également la précocité des incendies cette année qui alarme. Sur Twitter, le docteur en agroclimatologie Serge Zaka s'inquiète. Alors que la saison des incendies démarre plutôt "vers le 15 juillet", le risque incendie est déjà particulièrement élevé. "En 2022, avec la sécheresse persistante, la saison a démarré vers le 20 juin. Et on a encore tout l'été devant nous", écrit-il.
À titre d'illustration, dans le département du Gard, le 13 juin dernier, 24 départs de feux ont été comptabilisés en une seule journée. Plus détonnant encore, "il y a donc eu déjà plus du double de départs de feu dans des territoires habituellement peu concernés", notamment dans la moitié nord de la France, explique Grégory Allione dans Le Parisien.
"Il n’y a plus de saison de feux. Désormais, les sapeurs-pompiers interviennent toute l’année. La saison des feux, c’est du 1er janvier au 31 décembre. Qu’est-ce que cela va être aux mois d’août et septembre avec les températures caniculaires que l’on nous annonce?", met-il en garde.
Le dérèglement climatique en cause
Pour le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, cette conjoncture est due sans aucun doute au dérèglement climatique et la situation devrait, selon lui, continuer en s'aggravant.
"Depuis des dizaines d'années, les projections climatiques montrent que le bassin méditerranéen dans son ensemble va vers un climat plus chaud et plus sec et qui rend les choses plus favorables aux incendies", abonde dans le même sens Jean-Pascal Van Ypersele, ancien vice-président du Giec, à notre micro.
Doit-on s'attendre à des incendies massifs comme ceux de l'été dernier dans le Var ou encore en Grèce? Selon le météorologue Patrick Marlière, la situation actuelle "a des conditions météos quasi-similaires au départ: un printemps très sec, une vague de chaleur qui s'est installée et une sécheresse de la végétation".
"Plus de 90% des départs de feu sont d'origine humaine"
Face à cette situation préoccupante, les pompiers veulent tirer la sonnette d'alarme. "Plus de 90% des départs de feu sont d'origine humaine", met en garde le lieutenant-colonel Éric Agrinier, porte-parole des sapeurs-pompiers du Gard, alors qu'une vigilance rouge incendies a été déclenché sur une grande partie du département.
"On est dans une situation où dès qu'il y a une étincelle, un départ de feu peut prendre des proportions graves et de manière très rapide", détaille-t-il à BFMTV.
Les mégots de cigarettes sont notamment très susceptibles de déclencher un incendie dans de telles conditions favorables. Selon une étude Ipsos pour la fondation Vinci autoroutes, un fumeur sur quatre reconnaît jeter ses mégots par la fenêtre de sa voiture, sans mesurer les risques.
Les pompiers se tiennent prêts à intervenir très rapidement sur les départs de feu. Rien que dans les Bouches-du-Rhône, plus de 480 marins-pompiers et 44 engins sont mobilisés pour faire face à la situation dans les jours à venir.