Ukraine: à Boutcha, des gendarmes français prêtent main forte aux enquêteurs ukrainiens

Leur objectif: aider à déterminer si l'on peut parler de "crimes de guerre" perpétrés par les forces russes dans la région de Kiev. Une quinzaine de gendarmes français de l'IRCGN, la gendarmerie scientifique, sont arrivés en Ukraine mardi afin d'aider leurs homologues ukrainiens dans leurs investigations, alors que des centaines de corps ont été retrouvés, notamment dans les rues de Boutcha, ces dernières semaines.
Ces experts en balistique, en explosifs et en identification ADN, accompagnés de deux médecins légistes, ont plus précisément pour mission d'identifier les personnes enterrées devant l'église de Boutcha, ville située à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale, meurtrie par les assaults des forces russes.
"Aider la justice à établir la vériter"
Sur ce terrain ont été mises au jour des fosses communes, desquelles une soixantaine de corps ont pu être exhumés jusqu'ici. Dans ces charniers, les corps de victimes des bombardements, que leurs proches ont enterrés avec les moyens du bord, faute de pouvoir accéder aux cimetières de la ville.
"Nous faisons parler les preuves matérielles, pour ensuite donner à la justice des éléments circonstanciés et précis qui permettent de nourrir les enquêtes", explique auprès de BFMTV le colonel François Heulard, sur place.
"Nous sommes fiers d'être ici pour aider la justice ukrainienne à établir la vérité", poursuit-il.
En précisant les circonstances de la mort de ces civils, les gendarmes et leurs homologues ukrainiens sont chargés de déterminer si l'on peut parler de crimes de guerre. Ces dernières semaines, de nombreux dirigeants internationaux ont demandé l'ouverture d'une enquête dans ce sens après des images chocs de corps jonchant les rues de la ville, au début du mois d'avril.
Témoins des drames liés à la guerre
Si les gendarmes de l'IRCGN apportent leur aide sur le plan technique, ils constituent également de nouveaux témoins des drames liés à la guerre, précise Irina Venediktova, la procureure générale de l'Ukraine, devant nos caméras.
"Le plus important, c'est que le monde entier voit ce qu'il se passe ici. Il est important que le monde voie que l'Ukraine ne cache rien, que les experts internationaux puissent faire les exhumations par eux-mêmes, pour qu'ils voient que tout ça n'est pas faux", alors que Vladimir Poutine dénonçait mardi de "fausses" atrocités dans la ville.
Au total, ce sont 403 dépouilles qui y ont été retrouvées depuis le début des recherches. Pour étayer ces découvertes macabres, des habitants témoignent auprès des enquêteurs de l'ampleur des drames.
"Je veux qu'ils soient punis par un tribunal de guerre, parce que c'est un crime de guerre. C'est inexplicable: comment est-ce possible de tuer autant de gens? (...) Pourquoi tuer des civils?", s'interroge une Ukrainienne témoin du massacre.