Crimes de guerre: comment la France va aider la justice ukrainienne

Vue aérienne d'une fosse commune à Boutcha, le 7 avril 2022 en Ukraine - RONALDO SCHEMIDT © 2019 AFP
Seize gendarmes et deux médecins légistes français se trouvent depuis lundi en Ukraine. Leur mission est d'apporter leurs compétences scientifiques en matière d'identification des victimes et de recueillir des preuves à des autorités ukrainiennes qui tentent de prouver que des crimes de guerre ont été commis sur son sol par l'armée russe.
L'arrivée de ces gendarmes est la traduction concrète de l'aide promise par Emmanuel Macron en matière d'investigations sur les exactions menées lors de l'occupation russe.
Lors d'un entretien téléphonique le 5 avril dernier, les présidents français et ukrainien avaient abordé le sujet alors qu'un peu plus tôt ce jour-là, Volodymyr Zelensky avait évoqué devant le Conseil de sécurité de l'ONU les "crimes de guerre" commis par les Russes.
Laboratoire mobile
Environ 350 morts à Boutcha, selon le maire de la ville, 1222 personnes tuées dans la région de Kiev, selon la procureure générale d'Ukraine: la première mission des gendarmes français sera d'aider à l'identification des victimes.
Pour cela, les militaires ont emmené un laboratoire mobile destiné à procéder à des analyses ADN. "S’il s’agit d’identifier une victime, l’ADN peut être très utile, c’est pour cela que nous avons envoyé beaucoup d’experts en ADN pour pouvoir traiter de nombreux corps si besoin", explique le colonel Franck Marescal.
"Notre seconde mission est de comprendre les causes de la mort de ces personnes, détaille encore sur BFMTV le directeur de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Nous avons des médecins légistes et des balisticiens qui vont travailler en équipe."
Quels types d'arme ont été utilisés? D'où les balles ont-elles été tirées? La priorité des gendarmes français, qui sont arrivés à Kiev ce mardi, est aussi celle du recueil de preuves. Leur troisième mission sera ainsi de "fixer les scènes de crime" grâce à des modélisations 3D qui permettent de "figer les lieux", tandis que près de 6000 enquêtes ont été ouvertes en Ukraine pour des possibles crimes de guerre.
Deux magistrats français à La Haye
Le travail des gendarmes français, tous volontaires, ne sera toutefois pas d'enquêter sur ces crimes mais bien d'apporter une réponse scientifique grâce à l'expérience de ces militaires qui sont déjà intervenus pour des missions identiques lors du tsunami qui a frappé l'Indonésie et la Thaïlande en 2004 ou plus récemment sur des scènes de guerre comme au Mali.
A l'instar des juges français qui peuvent nommer des experts étrangers, les gendarmes travailleront sous l'autorité des procureurs ukrainiens qui enquêtent sur ces scènes de crimes.
"Les experts internationaux crédibilisent le recueil de preuves", fait savoir à BFMTV.com une source gouvernementale.
Cette aide technique et scientifique vient s'ajouter, voire compléter, l'aide déjà promise par Paris à la Cour internationale pénale. Selon les informations de BFMTV.com, des renforts vont être envoyés à La Haye qui a ouvert une enquête sur la situation en Ukraine.
Deux magistrats sont actuellement en cours de recrutement. Il s'agirait probablement de juges d'instruction pour coordonner les enquêtes menées par la CPI. La France a également versé une aide exceptionnelle de 500.000 euros à l'institution.