Guerre en Ukraine: "Lorsque les Russes ont vu qu'ils allaient être battus, ils ont commencé à violer"
Les témoignages montrant l'utilisation du viol comme arme de guerre par les soldats russes continuent d'abonder. Plusieurs organismes dont l'ONG Human Rights Watch alertent sur le phénomène. Invitée de BFMTV ce mardi, Kateryna Haliant, psychologue clinicienne à l'hôpital Dobrobut de Kiev, prend en charge les femmes victimes de viol en Ukraine.
"Je travaille avec des femmes de 16 à 24 ans, donc souvent des mineures. La plupart viennent des environs de Kiev, Boutcha ou Irpin et ont subi des viols collectifs par entre trois et cinq hommes", explique-t-elle.
Celle qui a elle-même quitté l'Ukraine pour l'Estonie il y a quelques jours avec sa fille, travaille à l'évacuation du pays de ces femmes victimes de viol.
Un mode opératoire similaire
"Les femmes qui le souhaitent reçoivent une aide psychologique mais beaucoup n'arrivent pas à en parler", poursuit Kateryna Haliant. Elle raconte, en effet, des viols très violents et infligés "de façon humiliante". Selon la psychologue, toutes racontent le même mode opératoire. D'abord, les soldats russes des villes occupées repèrent les femmes durant la journée, tuent les hommes si besoin, puis reviennent dans la maison la nuit.
Le témoignage d'Elena* (prénom modifié) atteste de cela. La jeune mère a été violée pendant près de treize heures par deux militaires russes à Kherson après avoir été identifiée comme la femme d'un soldat ukrainien.
"Les premières semaines de l'invasion, les Russes collectaient les informations sur qui vivaient dans la maison et procédaient à des pillages. Ensuite, venaient les pressions. Puis, lorsque les Russes comprenaient qu'ils allaient être repoussé par l'armée ukrainienne, ils ont commencé à violer, notamment en l'absence des hommes", détaille Kateryna Haliant.
Pensées suicidaires
Il est aujourd'hui difficile de savoir le nombre de femmes ukrainiennes victimes de violences sexuelles depuis le début de l'offensive russe. "Elles n'en parlent pas directement, explique Kateryna Haliant. C'est lorsqu'elles consultent parce qu'elles n'ont plus envie de vivre qu'on découvre les viols".
Des pensées suicidaires que l'on retrouve effectivement dans plusieurs témoignages de victimes. "J'aurais préféré qu'il me tue au lieu de faire ce qu'il a fait", exprime Vera, une Ukrainienne de 83 ans qui raconte auprès de CBSNews avoir été violée par un soldat russe, alors que son mari handicapé se trouvait dans la maison.
Kateryna Haliant explique qu'il faut "assurer la sécurité de ces femmes, notamment en les évacuant d'Ukraine, puis assurer leur santé physique et mentale et leur apprendre à vivre avec ça".