Massacre de Boutcha: en larmes, un Ukrainien reconnaît le corps de son frère parmi les victimes

Après les atrocités, une autre épreuve: celle de l'identification. Une semaine après la découverte du massacre de Boutcha et des fosses communes, près de Kiev, les corps des civils tués ont été présentés aux habitants de la ville afin d'être identifiés, pour être inhumés dignement. Vova est l'un de ces témoins de l'horreur. Cet Ukrainien, rencontré par BFMTV, a reconnu son frère, âgé de 32 ans, parmi une vingtaine de cadavres présentés vendredi par la police scientifique.
"Ils l'ont tué pour rien, il marchait juste dans la rue. Mais pourquoi?", se désole-t-il face à notre caméra.
Les cadavres de civils retrouvés dans la ville de Boutcha, reprise un peu plus tôt aux Russes par les forces ukrainiennes, ont été enterrés le 10 mars dernier. Le district s'attelle désormais à donner un nom à chacun de ses morts, après les avoir sortis de leur charnier.
"Comment ma mère va pouvoir le supporter?"
Les corps sont étendus sur le sol dans des sacs en plastique, un simple numéro permet de les différencier. "C'est le quatrième, vous pouvez refermer le sac", indique Vova à un membre de la police scientifique.
L'Ukrainien vient d'identifier son jeune frère, parmi les corps. Effondré, il s'éloigne rapidement, le visage défiguré par la douleur. Par pudeur, il se tient à l'écart et est réconforté par une femme.
"Comment je vais le dire à ma mère? Comment elle va pouvoir le supporter? Et sa fille de 7 ans? C'est juste une enfant", se lamente-t-il, des larmes coulant sur ses joues.
Enterrés dans le parc d'une église
Placés dans une chambre froide après avoir été découverts, les corps de civils retrouvés à Boutcha vont désormais avoir droit à une sépulture.
"La morgue était pleine de cadavres, sans électricité. Nous ne pouvions plus les conserver dans la chambre froide, nous devions donc les enterrer", explique Andriy, prêtre de l'église Andriy Pervozvannyi.
"Le cimetière est en dehors de la ville, nous ne pouvions plus y accéder à cause des bombardements. On a dû trouver un endroit temporaire, c'est le parc de notre église qui a été choisi", précise-t-il.
Un long travail pour la police scientifique
Les hommes du procureur du district sortent les cadavres un à un de leur sac et tentent de trouver des éléments permettant de les identifier et de connaître les circonstances de leur mort.
"Les six premiers corps ont des traces de blessure par balle, on retrouve sur l'autre des éclats d'obus. Parfois, il n'y a que des parties de corps, ils ont été tués dans la rue ou quand ils essayaient de fuir dans leur voiture", explique le procureur du district de Boutcha Ruslan Kravchenko.
Le travail d'identification des corps pourrait prendre encore plusieurs jours. Une centaine de corps sont encore disposés dans le charnier.
De nombreux corps de civils ont été retrouvés début avril à Boutcha gisant dans les rues de plusieurs villes de la périphérie de la capitale, parfois ligotés. Un massacre qualifié de "crimes de guerre" par Volodymyr Zelensky.