Niger: Daesh revendique l'attaque meurtrière d'une base militaire

Un militaire devant le palais des Congrès de Niamey au Niger, le 7 juillet dernier. - SSOUF SANOGO / AFP
Le groupe Daesh a revendiqué jeudi l'attaque meurtrière d'Inates, dans l'Ouest du Niger, à la frontière malienne, qui a fait 71 morts et des disparus mardi, rapporte l'organisme américain de surveillance des mouvements extrémistes SITE, citant le groupe ISWAP (État islamique en Afrique de l'Ouest).
"Les soldats du califat ont attaqué la base militaire d'Inates (...) les moudjahidine l'ont contrôlée pendant plusieurs heures", affirme le communiqué de Daesh qui donne un bilan de "100 tués" côté armée nigérienne.
Des centaines d'assaillants de Daesh ont mené mardi un assaut de plusieurs heures contre le camp militaire d'Inates, dans l'ouest du Niger, près de la frontière malienne, infligeant un revers sans précédent à l'armée nigérienne.
Deuil national de trois jours
L'onde de choc est terrible au Niger où un deuil national de trois jours a été décrété.
Le président nigérien Mahamadou Issoufou est rentré en catastrophe dans la nuit d'une conférence internationale et a présidé à Niamey jeudi matin une réunion du Conseil national de sécurité dont rien n'a filtré.
"Je m'incline devant la mémoire de nos soldats tombés à Inates les armes à la main", a écrit le président Mahamadou Issoufou sur son compte Twitter. "Je pense à leurs familles en pleurs. Le peuple nigérien pleure avec elles. Si une belle mort existait, j'aurais dit que la plus belle des morts c'est la mort pour sa patrie les armes à la main".
"C'est un triste jour pour nous. Je suis très découragé, je n'arrive même pas à bien me concentrer sur mon commerce", affirme Souleymane Seïni, un commerçant de Niamey. "Ces soldats qui sont massacrés sont nos amis, nos parents, nos frères..".
Macron reporte le sommet à Pau
Des voix s'insurgent déjà sur le plan politique. Ainsi, le Front patriotique d'Ibrahim Yacouba, ancien ministre des Affaires étrangères, "constate la démission et l'incapacité du gouvernement à protéger et à défendre le pays".
Moussa Tchangari, une figure de la société civile, parle de "tristesse profonde" mais attaque aussi les forces étrangères, notamment françaises. "Tout le monde en parle mais où sont les drones? Où sont les avions de chasse? (...) Ces gens-là (troupes étrangères) ne sont pas là pour nous, pour nous c'était déjà très clair et donc les forces étrangères ne sont pas d'une grande utilité, elles doivent s'en aller".
Le président français Emmanuel Macron a vite réagi à l'attaque, annonçant le report à janvier du sommet consacré à l'opération Barkhane et à la force conjointe du G5 Sahel, programmé le 16 décembre.
Il s'agissait justement de clarifier avec les dirigeants des pays du G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad et Mauritanie) les positions de chacun sur la présence militaire française au Sahel, de plus en plus contestée par les opinions publiques.
Emmanuel Macron voulait une rencontre symbolique à Pau (sud-ouest de la France), où étaient basés la majorité des 13 militaires français tués fin novembre en opération au Mali. Il avait essuyé une salve de critiques sur la forme de l'invitation à ce sommet, qui selon beaucoup d'observateurs s'apparentait à une convocation aux relents néo-colonialistes.
Le sommet a été repoussé "pour permettre au président Issoufou et aux autorités nigériennes de faire le deuil", a expliqué le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.