Ce que l'on sait de la mort des 13 militaires français au Mali

Des militaires de l'opération Barkhane, en mars 2019, au Mali - Daphné Benoit - AFP
Treize soldats français ont trouvé la mort lundi soir dans une collision accidentelle entre deux hélicoptères, lors d'une opération contre des jihadistes, a annoncé ce mardi l'Élysée dans un communiqué. Six officiers, six sous-officiers et un caporal-chef se trouvaient à bord des engins.
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Les militaires faisaient partie des 4500 Français déployés au Sahel dans le cadre de l'opération Barkhane, qui a débuté en 2014. Il s'agit du plus lourd bilan militaire qu'ait connu l'armée tricolore depuis 36 ans.
- L'accident a eu lieu durant la traque d'un groupe de terroristes
Lors d'une conférence de presse, le chef d'état-major des Armées, François Lecointre, a apporté des précisions sur les circonstances de la collision. "Des commandos parachutistes avaient observé, lundi vers 17h15, un groupe d'ennemis équipé d'un pick-up et de plusieurs motos. Ils sont entrés en contact par le feu avec cet ennemi (...) et ont fait appel à des moyens aériens". Deux hélicoptères Tigre et un Cougar sont arrivés rapidement sur zone.
"Pendant cette opération de reconnaissance de nuit, pour repérer le pick-up qui s'enfuyait vers le Nord, les commandos au sol ont entendu deux explosions. Ils ont pensé qu'elle était due à une collision en vol entre deux appareils. L'information est confirmée rapidement par le Tigre qui reste en vol", a ajouté le général Lecointre.
Les deux hélicoptères se sont ensuite écrasés au sol, à courte distance l’un de l’autre. "Ils sont intervenus dans des conditions opérationnelles très exigeantes" et, étant des engins militaires, n'étaient pas équipés de dispositifs anticollision, a précisé le général Leointre.
- Les militaires intervenaient sur "un terrain extrêmement compliqué"
Si le drame est un accident, plusieurs spécialistes soulignent la complexité des opérations militaires au Sahel. "Ces opérations ont lieu de nuit, parfois avec des conditions météorologiques délicates", a souligné l’ancien chef d’État-Major de l’armée de l’air Jean-Paul Paloméros à BFMTV. "Il faut que ce soit très rapide, extrêmement bien coordonné".
Interrogé sur BFMTV, Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense nationale, a quant à lui expliqué que les militaires de l’opération Barkhane évoluent dans un contexte "extrêmement difficile face à un adversaire redoutable qui est là pour empêcher le retour de la paix dans cette région".
Le spécialiste a ajouté que les opérations menées par les soldats français sur place étaient d’autant plus compliquées que les zones sur lesquelles ils progressent sont inhospitalières.
"C’est un terrain extrêmement compliqué, désertique, où il y a beaucoup de reliefs. Donc un accident est, hélas, toujours possible, même si nos militaires sont aguerris, entraînés. Il suffit qu’il y ait eu du vent, de la poussière soulevée", explique-t-il.
Une opération de sécurisation de la zone de l’accident est actuellement en cours, a précisé l’État-major des Armées. De nombreux moyens de la force Barkhane sont encore engagés. Florence Parly a par ailleurs annoncé dans son communiqué qu’une "enquête est ouverte afin de déterminer les circonstances exactes de ce drame".
- Aucun passager des deux hélicoptères n'a survécu
Les soldats morts sont les deux membres d’équipage du Tigre du 5e Régiment d’hélicoptères de combat, les cinq membres d’équipage du Cougar (5e RHC également), quatre opérateurs du Groupement commandos montagne (GCM) du 4e Régiment de chasseurs, un opérateur GCM du 93e Régiment d’artillerie de montagne ainsi qu'un opérateur GCM du 2e Régiment étranger du génie (2e REG). Leurs régiments étaient basés à Pau, Varces, Gap et Saint-Christol.
Dans un communiqué, la ministre des Armées Florence Parly a dévoilé les noms des soldats morts. Il s'agit du capitaine Nicolas Mégard, du capitaine Benjamin Gireud, du capitaine Clément Frisonroche, du lieutenant Alex Morisse, du lieutenant Pierre Bockel, de l’adjudant-chef Julien Carette, du brigadier-chef Romain Salles de Saint Paul, du capitaine Romain Chomel de Jarnieu, du maréchal des logis-chef Alexandre Protin, du maréchal des logis Antoine Serre, du maréchal des logis Valentin Duval, du maréchal des logis-chef Jérémy Leusie ainsi que du sergent-chef Andreï Jouk.
- Un hommage national est en préparation
La mort des treize soldats engagés dans la lutte contre les groupes armés jihadistes a suscité une vague de réactions de la part de nombreuses figures politiques. Emmanuel Macron, qui a annoncé lui-même le drame, a rendu hommages aux militaires. "Ces treize héros n’avaient qu’un seul but: nous protéger. Je m’incline devant la douleur de leurs proches et de leurs camarades", a-t-il écrit sur Twitter.
Florence Parly, ministre des Armées, a salué lors d'une conférence se presse le courage de "treize soldats aguerris, treize militaires exceptionnels, treize héros morts pour la France".
D'après une source gouvernementale à BFMTV, "l’Élysee travaille ce matin sur les modalités d’un hommage national pour la fin de semaine ou le début de semaine prochaine". Cette même source déclare également que la ministre des Armées Florence Parly devrait se rendre au Mali, auprès des militaires engagés dans l’opération Barkhane.