Kurdes tués à Paris: un conseiller d'Erdogan incrimine le PKK après les heurts en marge de la manifestation

Heurts entre manifestants et policiers en marge d'un rassemblement de la communauté kurde, au lendemain de la mort de trois Kurdes tués par balle, le 24 décembre 2022 à Paris - JULIEN DE ROSA © 2019 AFP
Un conseiller spécial du président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné dimanche les violences survenues en marge d'un rassemblement de soutien aux Kurdes après l'assassinat de trois personnes le vendredi 22 décembre rue d'Enghien dans le centre de la capitale.
Il a également incriminé le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), formé en 1978 dans l'intention de créer un État kurde indépendant. "C'est le PKK en France", a déclaré Ibrahim Kalin, en postant sur Twitter des photos de voitures renversées et brûlées.
"La même organisation terroriste que vous soutenez en Syrie", a ajouté le conseiller, relayant également une vidéo où l'on entend des manifestants scander "nous sommes tous du PKK" dans les rues de la capitale française.
"Le même PKK qui a tué des milliers de Turcs, de Kurdes et des forces de sécurité au cours des 40 dernières années. Maintenant, ils brûlent les rues de Paris. Allez-vous toujours garder le silence?", a-t-il poursuivi.
Depuis 1984, le PKK a entrepris une lutte armée contre la Turquie, et est actif en Syrie, Iran et Irak. Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne, les États-Unis, l'Australie, le Royaume-Uni, le Canada et la Nouvelle-Zélande.
"C'est surtout un message à direction interne. Évidemment, vous avez en Turquie une volonté d'isoler politiquement la communauté turque", a expliqué sur BFMTV, Benjamin Morel, maître de conférence à l'Université Paris 2 Panthéon Assas. "Toute remise en cause de l'autorité Erdogan revient à ce groupe".
11 interpellations samedi à Paris
Au moins quatre voitures ont été renversées, dont au moins une incendiée, et des projectiles ont été jetés sur les forces de l'ordre. Sur BFMTV, le préfet de police de Paris Laurent Nunez a donné un bilan de 31 blessés légers du côté des forces de sécurité et un blessé à l'arcade sourcilière du côté des manifestants.
Le préfet a également mentionné une "quinzaine de vitrines étoilées", mais pas cassées entièrement, sur le parcours de la manifestation partie de la place de la République.
La manifestation avait pourtant commencé "normalement", a-t-il précisé. Les incidents ont débuté "un peu après 13 heures pour une raison qui semble être liée à une provocation". Laurent Nuñez a ainsi évoqué "une camionnette qui serait passée" proche de la manifestation.
"Il y a eu des provocateurs qui sont passés à bord d'un véhicule avec le drapeau turc en faisant le signe des Loups gris donc automatiquement, ça a provoqué les jeunes", avait raconté un peu plus tôt Berivan Firat, porte-parole de l'association Conseil démocratique kurde en France.
Des drapeaux du PKK lors de la manifestation
Quelques dizaines de personnes ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes. "Vive la résistance du peuple kurde", ont crié plusieurs manifestants.
Le cortège, fort de plusieurs milliers de personnes à l'origine, s'est scindé en deux en raison de ces tensions et seuls quelques centaines de manifestants sont parvenus à rejoindre peu après 14h la place de la Bastille, point d'arrivée du cortège.
Dans la foule, de nombreux manifestants agitaient des drapeaux du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) ou à l'effigie de trois militantes kurdes assassinées en janvier 2013 à Paris. Dans les minutes qui ont suivi l'attaque, les Kurdes de France ont évoqué un acte "terroriste" et mis en cause la Turquie.