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Palestine

"Le monde entier nous regarde mourir": plus de 60 morts en 24h à Gaza après des frappes israéliennes

Des personnes portent l'un des corps enveloppés des victimes tuées par les bombardements israéliens à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, devant l'hôpital indonésien de Beit Lahia, le 15 mars 2025.

Des personnes portent l'un des corps enveloppés des victimes tuées par les bombardements israéliens à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, devant l'hôpital indonésien de Beit Lahia, le 15 mars 2025. - Omar AL-QATTAA / AFP

Après la reprise de son offensive dans l'enclave le 18 mars, Israël a annoncé ce lundi 5 mai un plan de "conquête" de la bande de Gaza, prévoyant un déplacement massif de sa population, qui a provoqué de nombreuses condamnations à travers le monde.

L'enfer continue dans le bande de Gaza. Des frappes israéliennes ont fait près de 60 morts, selon les secours, ce mercredi 7 mai dans la bande de Gaza, avant une nouvelle frappe ce jeudi matin à l'aube dans laquelle au moins 5 personnes sont mortes.

"Cinq personnes sont mortes et plusieurs blessées suite à une frappe aérienne israélienne (jeudi) à l'aube sur la maison de la famille Abou Rayyan dans la ville de Beit Lahiya", a déclaré à l'AFP le porte-parole, Mahmoud Bassal. L'armée israélienne n'a pas réagi à ces informations.

À Gaza, la catastrophe humanitaire s'aggrave de jour en jour pendant que le plan d'Israël d'étendre ses opérations militaires suscite l'indignation internationale. Plus de trente experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU ont appelé mercredi les États à "agir rapidement pour mettre fin au génocide en cours" dans le territoire palestinien et éviter "l'annihilation" de la population gazaouie. Israël a rejeté ces accusations.

Après l'avoir placée en état de siège au début de son offensive contre le Hamas il y a 19 mois, Israël impose à la bande de Gaza un blocus hermétique depuis le 2 mars, empêchant toute entrée de l'aide humanitaire, vitale pour ses 2,4 millions d'habitants.

Des corps étendus dans le quartier d'al-Rimal

Après deux mois de trêve, Israël affirme vouloir ainsi contraindre le mouvement islamiste à libérer les derniers otages enlevés lors de son attaque du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre. Sur 58 otages encore retenus à Gaza, 34 sont morts selon l'armée israélienne.

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Mercredi, la Défense civile a annoncé qu'au moins 59 personnes avaient été tuées dans plusieurs frappes israéliennes, dont la plus meurtrière a fait 33 morts à Gaza-ville, dans le nord du territoire.

Des images tournées par des journalistes français montrent des corps étendus dans une rue commerçante du quartier d'al-Rimal, que des hommes tentent d'évacuer dans la cohue. Des débris gisent entre les tables sur le sol maculé de sang d'un restaurant.

"Cette rue est bondée de piétons et les gens ont été pris au dépourvu", a raconté Mohammed al-Ghazali, un témoin de cette frappe, l'une des plus meurtrières depuis le 18 mars.

Selon le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, la frappe s'est produite dans l'après-midi quand un drone a largué un premier missile, suivi quelques instants plus tard d'un deuxième.

"Le monde entier reste là à nous regarder mourir"

Dans la même ville, un autre bombardement a fait 15 morts dans une école abritant des déplacés, tandis que huit membres d'une même famille, âgés de deux à 54 ans, ont aussi péri dans une frappe contre une maison à Khan Younès, dans le sud, selon cette organisation de secouristes.

"On meurt de faim, on meurt à cause de la guerre, on meurt de peur, on meurt de tout, et le monde entier reste là à nous regarder mourir", a témoigné Abir Shehab, qui a perdu son frère.

Israël avait annoncé lundi un plan de "conquête" de la bande de Gaza prévoyant un déplacement massif de sa population, qui a provoqué de nombreuses condamnations à travers le monde.

"Ce que nous voyons, c'est seulement plus de destruction, plus de haine, plus de déshumanisation", a affirmé le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk.

La mise en oeuvre du plan, qui prévoit "d'établir une présence israélienne prolongée" à Gaza, reviendrait à "franchir une nouvelle ligne rouge", a mis en garde mercredi l'Espagne dans une déclaration commune avec l'Irlande, la Norvège, la Slovénie, l'Islande et le Luxembourg.

L'Espagne s'apprête à présenter une résolution devant l'Assemblée générale de l'ONU proposant des "mesures d'urgence pour arrêter le massacre des civils" et assurer l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza.

La situation à Gaza est actuellement "la plus critique que nous ayons jamais connue", a affirmé le président français Emmanuel Macron.

"Gaza sera totalement détruite"

Amnesty International a appelé Israël à "abandonner immédiatement tout plan d'annexion de Gaza et de déplacement de masse forcé des Palestiniens".

"Gaza sera totalement détruite", avait affirmé mardi le ministre israélien des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, en assurant que la population gazaouie, après avoir été déplacée vers le sud, commencerait à "partir en grand nombre vers des pays tiers".

Un responsable sécuritaire israélien avait néanmoins affirmé lundi qu'il restait une "fenêtre" de négociations en vue de la libération des otages jusqu'à la fin de la visite au Moyen-Orient du président américain Donald Trump, prévue du 13 au 16 mai.

Le Hamas a dénoncé mercredi une tentative d'imposer un "accord partiel". Un membre du bureau politique du mouvement islamiste, Bassem Naïm, a déclaré que le Hamas insistait "sur la nécessité de parvenir à un accord global et complet pour mettre fin à la guerre".

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte basé sur des données officielles.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait au moins 52.653 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

I.H avec AFP