Israël: le journal Haaretz, très critique de Netanyahu, va être privé de financement public

Deux éditions du journal israéliens Haaretz, en anglais et en hébreu, datant du 8 novembre 2006. - Wikimedia/Hmbr
Le pouvoir israélien porte un coup aux finances du principal média d'opposition du pays. Le ministre israélien de la Communication a annoncé ce dimanche 24 novembre que le gouvernement va "arrêter" de "financer" le journal Haaretz, très critique de Benjamin Netanyahu, de son gouvernement où siègent des ministres d'extrême droite et de la guerre menée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza.
"Aujourd'hui, le gouvernement a approuvé à l'unanimité ma proposition de mettre fin à tout engagement avec le journal Haaretz de quelque manière que ce soit et de ne plus rien y publier, a notamment écrit le ministre Shlomo Khari dans un message publié sur Instagram, expliquant que le journal est "financé" en partie par l'État israélien.
La date de cet arrêt de financement n'est pour le moment pas connue et aucun autre membre du gouvernement n'a commenté l'annonce.
Le patron de Haaretz a parlé d'un "régime d'apartheid"
Selon le ministre, la décision du gouvernement a été notamment motivée par des propos du propriétaire et directeur du journal, Amos Shocken, affirmant lors d'une conférence à Londres que le Premier ministre israélien "impose un régime d'apartheid brutal au peuple palestinien".
Des propos qui s'apparentent à "un soutien aux ennemis de l'État" et à une "incitation à la haine" contre Israël, écrit Shlomo Khari.
La rédactrice en cheffe adjointe de la publication, Noa Landau, a donné des précisions à propos de cette décision sur X: "Aujourd'hui, le gouvernement de Netanyahu a approuvé une résolution visant à sanctionner Haaretz, mettant fin à toute publicité d'État, à tout abonnement financé par l'État ou à toute autre 'connexion' avec le journal".
"Netanyahu tente de faire taire un média indépendant"
Il s'agit d'"une nouvelle étape dans la quête de Netanyahu pour écraser la démocratie", a abondé le compte officiel du journal sur le réseau social.
"À l’instar de ses amis Poutine, Erdogan et Orban, Netanyahu tente également de faire taire un média indépendant qui le critique", a-t-il encore dénoncé, promettant qu'il "ne se laissera pas dissuader et ne se transformera pas en un organisme qui publie les messages du gouvernement de son chef".
Créé en 1919 dans ce qui était alors la Palestine sous mandat britannique, le journal Haaretz, mot qui signifie "La Terre" en hébreu, fait partie des dix journaux les plus lus en Israël.
Considéré comme de centre-gauche selon les critères de la société israélienne, il défend l'arrêt de la guerre à Gaza, à la fois pour épargner les civils palestiniens et pour favoriser la libération des otages, et promeut plus généralement l'existence d'un État palestinien indépendant. Récemment, il s'est également montré favorable aux mandats d'arrêts requis par la Cour pénale internationale à l'encontre de Benjamin Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.