Gaza: un otage relâché par le Hamas ignorait que sa femme et ses enfants sont morts le 7-Octobre

Lors d'une mise en scène orchestrée par le Hamas, un otage israélien libéré ce samedi a déclaré au micro être "heureux de retrouver" sa femme et ses filles. Sans savoir qu'elles avaient été assassinées lors de l'attaque du 7-Octobre.

Une nouvelle libération d'otages, et un nouvel exercice de propagande pour le Hamas. Le mouvement islamiste a relâché ce samedi 8 février trois Israéliens enlevés le 7-Octobre, dans le cadre du deuxième accord de trêve conclu depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza.

Sur une place de Deir el-Balah au centre de l'enclave, Or Levy, 34 ans, Eli Sharabi, 52 ans, et Ohad Ben Ami, 56 ans, sont apparus amaigris et le visage émacié, avant d'être remis à la Croix-Rouge. L'état de santé des deux premiers est "mauvais", tandis que le troisième est en "détresse nutritionnelle", selon les hôpitaux où ils ont été admis.

Mise en scène du Hamas

Comme lors des précédentes libérations dans la bande de Gaza, les trois otages ont été exhibés sur une scène, encadrés par des membres du Hamas. L'un des hommes armés a tendu un micro à Eli Sharabi. Le regard apeuré, il a déclaré être "heureux de retrouver" sa femme et ses filles, sans que l'on sache si cette phrase lui a été dictée ou non par ses ravisseurs.

À cet instant, il ignorait qu'elles avaient été assassinées lors de l'attaque du 7-Octobre. C'est un soldat israélien qui le lui a appris, ont indiqué à la BBC les parents de son épouse, d'origine britannique.

"Jusqu’au bout, le Hamas se moque de la vie. Jusqu’au bout, il fait de la souffrance un spectacle", a dénoncé sur X l'ambassade d'Israël en France.

Eli Sharabi se trouvait à son domicile du kibboutz Beeri avec sa femme Lianne Sharabi et leurs deux filles adolescentes, Noya et Yahel, lorsque les hommes du Hamas ont pris d'assaut leur maison. Les assaillants ont abattu leur chien, avant d'enfermer la famille dans sa pièce sécurisée et d'y mettre le feu. Les corps de Lianne, Noya et Yahel ont été identifiés, tandis qu'Eli Sharabi a été enlevé et emmené à Gaza. Yossi Sharabi, le frère aîné d'Eli Sharabi, pris en otage séparément, est présumé mort.

"Le coup le plus dur l'attendait"

L'otage israélien Or Levy a également appris la mort de son épouse après avoir quitté la bande de Gaza. "Le coup le plus dur attendait Or lorsqu'il a été libéré, sa plus grande crainte s'est confirmée", a déclaré Michael Levy à la presse, dans l'hôpital où son frère est soigné.

"Einav, sa femme bien-aimée, a été assassinée ce jour maudit. Pendant 491 jours, il s'est accroché à l'espoir qu'il la retrouverait. Pendant 491 jours, il n'a pas su qu'elle n'était plus en vie", a-t-il ajouté.

Or et Einav Levy assistaient au festival de musique Nova quand des combattants du Hamas l'ont pris d'assaut lors de leur attaque du 7 octobre 2023 contre Israël. Ils avaient laissé leur fils Almog, alors âgé de deux ans, chez ses grands-parents.

Selon le Forum des familles d'otages, Einav a été tuée dans l'attaque tandis que Or a été enlevé avec d'autres hommes. "Or est vivant. Il est ici. Mais ce bonheur est mêlé d'une immense tristesse, d'une douleur indescriptible", a encore confié son frère Michael dimanche. "Après tout ce qu'il a traversé, il a enfin retrouvé Mogi, son fils. Un petit garçon de trois ans qui n'avait pas vu son père depuis 16 mois!"

"Spectacle cynique"

"Voilà ce à quoi ressemble un crime contre l'humanité", a écrit le président israélien, Isaac Herzog, sur le réseau social X, après la libération des trois otages samedi. "Le monde entier doit regarder [ces trois hommes] affamés au visage émacié et souffrant en train d'être exploités pour un spectacle cynique et cruel par de vils assassins".

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a lui dénoncé des "images choquantes", qui "ne resteront pas sans réponse".

Depuis le 19 janvier, 21 otages ont été relâchés par le Hamas. La première phase de l'accord de trêve, d'une durée six semaines, prévoit au total la remise à Israël de 33 otages, dont huit au moins sont décédés, contre 1.900 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.

François Blanchard