Gaza: tensions autour de l'état de santé "mauvais" des trois otages israéliens libérés ce samedi

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé ce samedi 8 février l'envoi de négociateurs au Qatar pour discuter de la suite du fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza, après la libération de trois otages très éprouvés physiquement ce même jour.
Des combattants armés et cagoulés du Hamas ont libéré les trois otages contre 183 prisonniers palestiniens, lors du cinquième échange prévu par l'accord, les deux camps s'accusant mutuellement de mauvais traitements.
"Les conséquences de 491 longs jours en captivité"
L'un de ces ex-otages, Ohad Ben Ami, un Israélo-Allemand de 56 ans, se trouve en état de "détresse nutritionnelle", a annoncé samedi soir l'hôpital Ichilov de Tel-Aviv, où il a été admis.
"Ohad est revenu dans un état de détresse nutritionnelle et a perdu beaucoup de masse corporelle" mais "son esprit a du ressort et il est source d'inspiration", a déclaré le Pr. Gil Fire, directeur adjoint de l'hôpital.
L'état de santé des deux autres, Or Levy, 34 ans, et Eli Sharabi, 52 ans, est "mauvais" après 491 jours de captivité, selon la directrice de l'hôpital Sheba à Ramat Gan, près de Tel-Aviv, Yaël Frenkel Nir.
"Les conséquences de 491 longs jours en captivité sont manifestes (...) et leur état de santé est mauvais. C'est la quatrième fois (que Sheba reçoit des otages libérés de Gaza depuis le début de la trêve, le 19 janvier) et la situation est plus grave cette fois-ci", a déclaré à la presse Yaël Frenkel Nir, directrice de l'hôpital.
"Voilà ce à quoi ressemble un crime contre l'humanité", a affirmé le président israélien, Isaac Herzog. "Le monde entier doit regarder (ces trois hommes) affamés, au visage émacié et souffrant, en train d'être exploités pour un spectacle cynique et cruel par de vils assassins."
Hospitalisation de sept ex-prisonniers palestiniens
Le visage émacié, les trois otages israéliens ont donc été libérés contre 183 Palestiniens détenus par Israël, partis vers Jérusalem-Est, la Cisjordanie occupée et la bande de Gaza.
Le Hamas a dénoncé ce qu'il a qualifié de "meurtre à petit feu" des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, après l'hospitalisation de sept d'entre eux qui venaient d'être libérés.
Israël a de son côté condamné un "spectacle cruel" après la libération des otages, remis au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, après avoir été contraints de saluer la foule depuis une estrade.
Benjamin Netanyahu a dénoncé des "images choquantes" qui "ne resteront pas sans réponse". Benjamin Netanyahu a une nouvelle fois promis "d'éliminer" le Hamas et de ramener en Israël les otages toujours retenus à Gaza.
Le CICR a appelé à ce que les prochains échanges se déroulent de façon "digne et privée" et s'est dit "de plus en plus inquiet des conditions dans lesquelles se déroulent" ces opérations.
Un responsable politique du Hamas a de son côté affirmé à l'AFP qu'Israël mettait "en danger" le cessez-le-feu et que celui-ci "pourrait s'effondrer". Selon ce responsable, Bassem Naïm, le Hamas est "toujours prêt" à reprendre les négociations pour la deuxième phase du cessez-le-feu, qui devaient débuter le 27 janvier.
73 otages toujours retenus
À Tel-Aviv, des centaines de personnes ont exulté en suivant sur un écran géant les libérations des otages.
"C'est très dur. Il n'a pas l'air bien, mais je suis sûr qu'il va recevoir le traitement nécessaire et va devenir plus fort", a déclaré Yochi Sardinayof, un cousin d'Eli Sharabi. "Regardez dans quel état ils sont! Cela ne peut pas continuer. Ils doivent être libérés (tous) maintenant!"
Depuis le début de la trêve, 16 otages israéliens ont été libérés, auxquels s'ajoutent cinq Thaïlandais (hors accord), en échange de 765 prisonniers palestiniens. La première phase de l'accord prévoit la remise à Israël de 33 otages, dont huit au moins sont décédés, contre 1.900 Palestiniens.
Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque du Hamas, 73 sont toujours retenues à Gaza, dont au moins 34 sont mortes, selon l'armée israélienne. La deuxième phase est censée aboutir à la libération de tous les otages et à la fin définitive de la guerre, avant une étape finale dédiée à la reconstruction de Gaza.
L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.210 personnes du côté israélien, en majorité des civils. L'offensive israélienne menée en représailles sur la bande de Gaza a fait au moins 48.181 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.