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Iran

L'Iran veut suspendre sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique

La façade du Parlement iranien (image d'illustration)

La façade du Parlement iranien (image d'illustration) - ATTA KENARE / AFP

Le Parlement iranien a voté en faveur d'une suspension de la coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), après 12 jours de guerre et des frappes sur des installations nucléaires.

"Ce n'est pas une faveur, c'est une obligation juridique". Le Parlement iranien a voté mercredi 26 juin en faveur d'une suspension de la coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui reste pourtant "une obligation" selon son patron, après douze jours de guerre marquée par des frappes israéliennes et américaines sur des installations nucléaires.

"L'AIEA, qui a refusé de condamner ne serait-ce qu'un peu l'attaque contre les installations nucléaires iraniennes, a compromis sa crédibilité internationale", a déclaré le président du Parlement, Mohammad Bagher Ghalibaf, cité par la télévision d'État, après le vote des députés.

"L'Organisation iranienne de l'énergie atomique suspendra sa coopération avec l'AIEA tant que la sécurité des installations nucléaires ne sera pas garantie", a ajouté ce responsable, sans donner de détails sur ces conditions.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Esmaeil Baqaei a pour sa part déclaré à l'agence officielle Irna que la coopération avec l'AIEA allait "forcément être affectée".

Il a blâmé l'agence de l'ONU pour avoir adopté une résolution le 12 juin accusant l'Iran de non-respect de ses obligations nucléaires, ce qui est devenu "l'une des principales excuses" pour les attaques américaines et israéliennes.

"Obligation juridique"

"La coopération de l'Iran avec nous, ce n'est pas une faveur, c'est une obligation juridique, pour autant que l'Iran reste un pays signataire du traité de non-prolifération (TNP)", a rétorqué dans la soirée le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, sur la chaîne France 2.

Au centre des interrogations, la localisation ou l'éventuelle destruction dans les frappes israéliennes de quelques 400 kg d'uranium hautement enrichi, que les Iraniens pourraient avoir déplacés avant que l'endroit où ils étaient stockés ne soit frappé.

"L'AIEA a perdu la visibilité sur ce matériel à partir du moment où les hostilités ont commencé (...) Je ne voudrais pas donner l'impression que c'est perdu ou que c'est caché", a précisé Rafael Grossi, qui a rencontré le président français Emmanuel Macron mercredi soir à Paris.

"Dès que les hostilités se sont arrêtées et surtout vu la sensibilité autour de ces matériels, je crois qu'il est dans l'intérêt de tous qu'on puisse reprendre nos activités au plus vite", a-t-il ajouté, en référence à la mission de contrôle du programme iranien des agents de l'AIEA.

"Il est urgent que l'Agence puisse reprendre sa mission en Iran", a également martelé le président français sur le réseau X en pointant son "rôle essentiel pour la sûreté et la sécurité nucléaire". L'Iran est signataire depuis 1970 du Traité de non prolifération (TNP) garantissant l'usage pacifique de l'énergie atomique sous le contrôle de l'AIEA.

Approbation du Conseil des Gardiens

En 2015, au terme d'années de négociations, il avait conclu avec les grandes puissances un accord instaurant un renforcement drastique de la surveillance, en échange d'une levée progressive des sanctions internationales. Cet accord dit "de Vienne" avait toutefois été dénoncé unilatéralement en 2018 par le président américain Donald Trump, lors de son premier mandat.

Pour entrer en vigueur, le texte voté mercredi par le Parlement iranien nécessite l'approbation du Conseil des Gardiens, un organe habilité à examiner la législation. Deux-cent-vingt-et-un députés ont voté en faveur du texte, un autre s'est abstenu et aucun n'a voté contre, selon la télévision d'État.

Le député Alireza Salimi a déclaré qu'en vertu de cette décision, l'Iran n'autoriserait pas les inspecteurs de l'AIEA à accéder aux installations nucléaires, sauf si le Conseil suprême de sécurité nationale l'approuvait, selon l'agence de presse Isna.

"Mesures spéciales"

Israël a lancé le 13 juin une campagne de bombardements qui a ciblé les installations nucléaires et militaires iraniennes et entraîné la mort de commandants militaires de haut rang et de scientifiques développant le programme nucléaire. L'Iran a toujours nié chercher à se doter de l'arme nucléaire, tout en faisant valoir à son droit au nucléaire civil.

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Dimanche, les États-Unis, alliés d'Israël, ont lancé des frappes sans précédent sur les sites nucléaires de Fordo, Isfahan et Natanz, avant qu'un cessez-le-feu initié par Donald Trump n'entre en vigueur mardi. Des députés ont scandé "Mort à l'Amérique !" et "Mort à Israël !" après le vote, a rapporté la télévision d'État.

Le directeur général de l'AIEA, agence de l'ONU basée à Vienne, avait réclamé dès lundi un accès aux sites nucléaires iraniens afin de pouvoir établir ce qu'il est advenu du stock d'uranium enrichi à un niveau proche du seuil de conception d'une bombe atomique.

Les craintes sont d'autant plus fortes que le 13 juin, date du lancement de l'offensive israélienne, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait adressé à l'AIEA une lettre signalant la mise en place "de mesures spéciales pour protéger les équipements et la matière nucléaire".

L.V. avec AFP