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Iran

Nucléaire: le chef de l'AIEA assure que l'Iran n'est "pas loin" de disposer de la bombe atomique

Le directeur général de l'AIEA, Rafael Mariano Grossi, le 2 mars 2022.

Le directeur général de l'AIEA, Rafael Mariano Grossi, le 2 mars 2022. - JOE KLAMAR / AFP

Selon le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique, interrogé par Le Monde, l’Iran serait sur le point d’acquérir l’arme nucléaire. "Il reste du chemin à parcourir avant d'y parvenir", a toutefois nuancé Rafael Grossi.

L'Iran n'est "pas loin" de disposer de la bombe atomique, a averti le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, avant des entretiens mercredi 16 avril à Téhéran.

Les pays occidentaux, États-Unis en tête, et Israël soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.

"C'est comme un puzzle, ils (les Iraniens) ont les pièces et ils pourraient éventuellement un jour les mettre ensemble. Il reste du chemin à parcourir avant d'y parvenir. Mais ils n'en sont pas loin, il faut le reconnaître", a déclaré Rafael Grossi dans un entretien au journal Le Monde publié mercredi.

De nouveaux pourparlers entre l'Iran et les États-Unis

Le chef de l'AIEA est arrivé dans la journée à Téhéran, avant de nouveaux pourparlers entre l'Iran et les États-Unis sur le programme nucléaire iranien, prévus samedi à Rome.

L'AIEA, le gendarme onusien du nucléaire basé à Vienne, est chargée de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire de l'Iran.

"Il ne suffit pas de dire à la communauté internationale 'nous n'avons pas l'arme nucléaire' pour que l'on vous croie. Il faut que nous puissions vérifier", ajoute Rafael Grossi dans cet entretien.

Rafael Grossi a rencontré à Téhéran le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Il a qualifié l'entretien d'"important". "La coopération avec l'AIEA est indispensable pour fournir des garanties crédibles sur le caractère pacifique du programme nucléaire iranien à un moment où la diplomatie est devenue urgemment nécessaire", a-t-il déclaré sur X.

Le chef de l'AIEA doit avoir jeudi des discussions avec le chef de l'Organisation de l'énergie atomique d'Iran, Mohammad Eslami.

Les discussions indirectes, sous médiation omanaise, avaient été lancées le 12 avril à Mascate par Abbas Araghchi et l'émissaire du président Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff.

Elles se poursuivront samedi à Rome, a indiqué mercredi la télévision d'État iranienne, une information confirmée à l'AFP par le ministère italien des Affaires étrangères.

Un "risque de compromettre toute ouverture"

Avant ces nouvelles discussions indirectes entre deux pays ennemis qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, Abbas Araghchi a affirmé que la question de l'enrichissement d'uranium n'était "pas négociable".

Il semblait réagir à une déclaration de Steve Witkoff qui a affirmé mardi que "l'Iran doit stopper son programme d'enrichissement et de militarisation nucléaires, et l'éliminer".

Cette déclaration apparaît à rebours de ses propos tenus la veille sur la chaîne Fox News: il s'était alors abstenu de réclamer un démantèlement total du programme nucléaire iranien.

"En diplomatie, un tel changement risque de compromettre toute ouverture", a fustigé sur X le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï.

Abbas Araghchi est attendu jeudi en Russie pour des discussions sur le nucléaire. Il transmettra au président russe, Vladimir Poutine, un message écrit du guide suprême iranien.

I.H avec AFP