"La Chine était au courant": Zelensky affirme qu'au moins 155 Chinois combattent avec la Russie en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky donne une conférence de presse au siège de France Télévisions à Paris, le 27 mars 2025. - JULIEN DE ROSA / AFP
Pékin savait que des Chinois étaient recrutés par la Russie pour combattre en Ukraine, a accusé ce mercredi 9 avril le président Volodymyr Zelensky, affirmant savoir qu'au moins 155 d'entre eux, et sans doute "bien plus", s'y trouvent.
Quelques heures plus tôt, la Chine avait rejeté de premières accusations de Kiev selon lesquelles nombre de Chinois se battent en Ukraine, tout en recommandant à ses citoyens de "se tenir à l'écart des zones de conflit armé".
Volodymyr Zelensky avait annoncé mardi la capture par ses troupes de deux ressortissants chinois qui combattaient selon lui au sein de l'armée russe dans l'est de l'Ukraine. Il avait déjà affirmé qu'il y en avait "beaucoup" d'autres.
"Nous constatons simplement, grâce aux données et aux détails dont nous disposons, que la Chine (...) était au courant de l'envoi" de Chinois en Ukraine, a assuré Volodymyr Zelensky mercredi à un groupe de médias, dont l'AFP.
"Nous ne disons pas que quelqu'un a donné un ordre"
Interrogé sur les motivations de ces citoyens chinois et la possibilité que leur présence soit le résultat d'une politique de Pékin, le président ukrainien a botté en touche. "Nous ne disons pas que quelqu'un a donné un ordre, nous ne disposons pas de telles informations", a-t-il dit.
Ses services ont connaissance de "155 citoyens chinois qui se battent contre les Ukrainiens" en Ukraine, a dit Volodymyr Zelensky, affirmant disposer de leur identité. L'Ukraine pense qu'"il y en a encore bien, bien plus", a-t-il ajouté.
Un document, partagé avec l'AFP par un haut responsable ukrainien, contient les noms et les données de 168 Chinois recrutés, selon Kiev, par l'armée russe. Pour certains, la date de naissance, leur régiment ou leur date d'arrivée sont aussi listés.
La Chine n'a pas encore réagi à ces nouvelles accusations. Mais, plus tôt, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, avait qualifié de "sans fondement" les affirmations selon lesquelles de nombreux Chinois combattaient en Ukraine.
"La position de la Chine sur la crise ukrainienne est claire et sans ambiguïté et a été largement reconnue par la communauté internationale", avait-il dit au cours d'un point presse régulier.
Concernant la capture de deux Chinois, le porte-parole a noté que la Chine "est en train de procéder à des vérifications avec l'Ukraine". Il avait appelé Kiev à "apprécier à leur juste valeur les efforts et le rôle constructif de la Chine dans la recherche d'une solution politique à la crise ukrainienne". Le Kremlin a de son côté refusé mercredi de commenter l'annonce.
Un "facilitateur décisif" de l'invasion russe
La Chine se présente comme neutre et un médiateur potentiel dans ce conflit mais elle reste un allié politique et économique clé de la Russie, au point que les Occidentaux l'ont qualifiée de "facilitateur décisif" de l'invasion russe - qu'elle n'a jamais condamnée.
Pékin est notamment accusé d'aider Moscou à contourner les sanctions occidentales en lui permettant d'acquérir les composants technologiques nécessaires à la production d'armements.
L'Ukraine et les Occidentaux dénoncent depuis l'année dernière l'envoi de milliers de soldats nord-coréens par Pyongyang sur le front russo-ukrainien, et Kiev a fourni des vidéos sur des prisonniers l'illustrant. Ni Moscou ni Pyongyang n'ont confirmé leur présence.
Volodymyr Zelensky a affirmé mercredi que Washington était "très surpris" et jugeait "inacceptable" le déploiement supposé de combattants chinois. "Ce sont les signaux qu'ils nous envoient", a-t-il dit.
Le président a en outre affirmé qu'une prochaine réunion entre Américains et Ukrainiens pour discuter d'un potentiel cessez-le-feu "pourrait avoir lieu la semaine prochaine", sans certitude.
Les Etats-Unis, un allié essentiel de l'Ukraine depuis le début de l'invasion, ont opéré un virage radical depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier. Il veut obtenir un cessez-le-feu au plus vite et tend la main à la Russie.