Attentats: pourquoi les terroristes présumés retournent-ils à Bruxelles?

Arrêté vendredi soir par la police belge, Mohamed Abrini était l'homme le plus recherché d'Europe depuis l'interpellation de Salah Abdeslam, il y a trois semaines. Et comme ce dernier, il a été retrouvé dans une commune de Bruxelles, non loin de là où il a grandi. Cela paraît étonnant, mais la plupart des suspects des attentats de Paris et Bruxelles sont retournés se cacher dans leurs quartiers d'origine, dans l'agglomération bruxelloise.
Territoires connus
Molenbeek, Schaerbeek, Anderlecht ou encore Forest, le périmètre des arrestations dans le cadre des enquêtes sur les attentats est en effet très restreint. C'est surtout un territoire que ces hommes connaissent bien. Mohamed Abrini, comme Salah Abdeslam, a grandi à Molenbeek, commune qui a acquis, à force de départs pour le Moyen-Orient et de perquisitions antiterroristes, une réputation de fief du jihadisme en Europe. Pour ces individus recherchés par toutes les polices d'Europe, la planque semble risquée, elle est en fait idéale.
"[Ils ne vont] pas risquer d’aller dans des territoires inconnus, explique Régis Le Sommier, journaliste et auteur de Daesh, l’histoire. Et puis dans ces milieux-là, on ne donne pas un frère. On garde le silence. Au pire on ne cautionne pas ses actes, mais on ne va pas le donner. On parle très peu à la police dans ces banlieues-là, c’est logique qu’ils viennent là."
"Rendez-vous compte, Abdeslam a été arrêté à quasiment 100 mètres de l’endroit où il a grandi, chez ses parents", ajoute le journaliste. Et à moins d'un kilomètre de là, on retrouve également des dizaines de connexions, parmi lesquelles le bar de son frère Brahim, la planque d’un proche d’Abaaoud ou encore le salon de coiffure de la famille d'Abrini.

La Belgique, base arrière du terrorisme en Europe
C'est d'ailleurs dans l'immeuble où était installé ce salon de coiffure qu'a un temps vécu Ayoub El Khazzani, l’attaquant du Thalys Amsterdam-Paris fin août 2015. Ces liens multiples constituent un maillage étroit connu des services de renseignement européens. Depuis plusieurs dizaines d'années, la Belgique est en effet considérée par les spécialistes comme un lieu notoire de rencontre pour des organisations terroristes.
"On sait que la Belgique, depuis une vingtaine d’années, a été un lieu privilégié où des réseaux islamistes radicaux, liés au GIA [Groupe islamique armé fondé en 1992 pour renverser le gouvernement algérien, Ndlr] à l’origine, et après le GSPC [Groupe salafiste pour la prédication et le combat, ancien nom d'Aqmi, Ndlr] et Al-Qaïda, se sont réfugiés, rappelle Jean-Louis Bruguière, ancien juge antiterroriste. [Le pays a] été une espèce de base arrière pour des opérations terroristes qui ont été lancées en Europe."
À Bruxelles, les enquêtes ne laissent en tout cas aucune place au doute, et ne se concentrent pas que sur les lieux connus. Vendredi, des opérations ont également eu lieu dans la commune de Laeken, voisine de ces foyers jihadistes bruxellois.