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Russie

Guerre en Ukraine: référence à Napoléon, comparaison avec Hitler... Macron et Poutine en pleine escalade verbale

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La Russie a dénoncé jeudi 6 mars l'allocution prononcée la veille par Emmanuel Macron dans laquelle il a dénonce l'"agressivité" de Moscou, accusant Paris de vouloir la guerre. Les deux présidents se sont échangés des piques, marquant une nouvelle guerre des mots entre les deux pays.

Multiplication des invectives entre Macron et Poutine. La Russie et la France se lancent des piques par médias interposés depuis l'allocution d'Emmanuel Macron mercredi 5 mars dans laquelle le chef de l'État français a dénoncé une "menace russe" et une "agressivité" de Moscou, un peu plus de trois ans après le début de la guerre en Ukraine. Le signe d'une nouvelle guerre des mots, alors que la Russie opère par ailleurs un rapprochement avec les États-Unis.

La Russie a "déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial", "viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule les élections en Roumanie, en Moldavie", "organise des attaques numériques contre nos hôpitaux" et "tente de manipuler nos opinions avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux", clame Emmanuel Macron mercredi soir pendant son discours.

Des propos fermes qui ne passent pas à Moscou. "Si (Emmanuel Macron) nous voit comme une menace" et "dit qu'il est nécessaire d'utiliser l'arme nucléaire, de se préparer à utiliser l'arme nucléaire contre la Russie, bien sûr, c'est une menace", répond le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov réplique lui aussi aux propos du président français, les qualifiant "d'extrêmement conflictuels". "Il peut difficilement être perçu comme un discours d'un chef d'État qui pense à la paix. La France pense plutôt à la guerre", estime-t-il.

"On parle de la Russie qui devient presque un ennemi de la France", dénonce-t-il encore lors d'un briefing auquel a participé l'Agence France-presse (AFP).

Macron comparé à Napoléon

Au tour ensuite de Vladimir Poutine de déplorer qu'il "existe encore des gens qui veulent retourner aux temps de Napoléon, en oubliant comment ça s'est terminé", lançant une pique à Emmanuel Macron sans mentionner son nom en faisant référence à la tentative de conquête de la Russie ratée.

Reprenant la rhétorique du chef de l'État russe, Dmitri Peskov compare le président français à Napoléon Bonaparte, mais aussi à Hitler, qui ont voulu "conquérir" et "vaincre" la Russie. "Apparemment, il veut la même chose", affirme le porte-parole du Kremlin.

L'ex-président russe Dmitri Medvedev attaque à son tour, qualifiant Macron de "Micron", se moquant ainsi de sa taille. "Micron ne représente pas une grande menace. Il disparaîtra au plus tard le 14 mai 2027 (jour de la fin de son mandat, NDLR). Et il ne manquera à personne", soutient-il sur X.

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, enfonce le clou en qualifiant Emmanuel Macron de "conteur" qui fait "tous les jours des déclarations tout à fait déconnectées de la réalité et qui contredisent ses déclarations précédentes".

Elle affirme ensuite que le chef de l'État "devra s'excuser auprès de sa propre population pour l'avoir induite en erreur".

Poutine en "impérialiste révisionniste de l'histoire"

Dès jeudi, Emmanuel Macron réplique aux accusations de Vladimir Poutine lorsqu'il l'a comparé à Napoléon.

"Napoléon menait des conquêtes. La seule puissance impériale que je vois aujourd'hui en Europe s'appelle la Russie", lance le président français après un sommet européen extraordinaire sur l'Ukraine à Bruxelles.

"C'est un impérialiste révisionniste de l'histoire et de l'identité des peuples", clame Emmanuel Macron, dénonçant un "contre-sens historique" de la part du président russe.

Vladimir Poutine a "sans doute" été "piqué du fait que nous avons démasqué son jeu", tacle Emmanuel Macron, accusant la Russie de vouloir un cessez-le-feu en Ukraine pour simplement "mieux reprendre la guerre". 

Le président français déclare par ailleurs savoir que son homologue russe peut trahir sa parole car il l'a déjà fait lorsqu'il n'a pas respecté les accords de Minsk, signés avec la France, mais aussi l'Allemagne et l'Ukraine après l'invasion de la Crimée en 2014.

Un rapprochement Moscou et Washington

Depuis l'appel téléphonique entre Vladimir Poutine et Donald Trump le 12 février, suivi par deux réunions entre responsables russes et américains, Washington et Moscou ont opéré un rapprochement diplomatique.

Le gouvernement américain pousse pour une paix rapide négociée avec Moscou, en accusant l'Ukraine de vouloir la poursuite du conflit.

De leurs côtés, les alliés européens de Kiev ont répété leur soutien à Volodymyr Zelensky et ont affirmé jeudi à Bruxelles leur volonté de renforcer leurs capacités de défense en donnant leur feu vert à un plan visant à mobiliser jusqu'à 800 milliards d'euros sur quatre ans.

Juliette Desmonceaux avec AFP