IIIe Reich, torture... Qui est Dmitri Outkine, fondateur du groupe Wagner déployé par la Russie en Ukraine?

Des militaires du groupe Wagner (Photo d'archive) - CNN
Leur arrivée est rarement de bon augure. Ce lundi, le ministère de la Défense britannique a annoncé qu'un millier de mercenaires russes de la sulfureuse société paramilitaire Wagner avaient été déployés dans l'est de l'Ukraine afin d'y mener des combats, un peu plus d'un mois après le début du conflit. Une décision prise quelques jours seulement après le revirement stratégique russe, qui affirmait vouloir de concentrer sur l'est du pays.
Réputé proche de Vladimir Poutine, le groupe Wagner et ses paramilitaires sont soupçonnés d'exactions au Mali, en Libye ou encore en Syrie.
Fervent admirateur du IIIe Reich
Parmi les dirigeants du groupe Wagner, le dénommé Dmitri Outkine, l'un des fondateurs de cette société en 2013, aujourd'hui âgé d'une cinquantaine d'années. Avant cela, il avait servi comme lieutenant-colonel au sein du 700e détachement d’intervention de la 2e brigade des forces spéciales du GRU (Direction générale des renseignements militaires russes).
Il est difficile de retracer avec précision le parcours exact d'Outkine. Il aurait quitté ses fonctions au GRU afin de former le Corps slave, une société militaire privée déployée en Syrie en 2013, pour combattre aux côtés des troupes de Bachar el-Assad. En 2014, il fonde Wagner avec un proche de Vladimir Poutine, un certain Evgueni Prigojine, qui a fait fortune dans la restauration à la chute de l'URSS.
Autre détail, et pas des moindre, concernant Dmitri Outkine: il est un grand admirateur du IIIe Reich et d'Adolf Hitler, et ne le cache pas vraiment. Sur les rares clichés qui existent de cet homme, il arbore des tatouages représentant les insignes que portaient les SS durant la Seconde Guerre mondiale.
En outre, Wagner tire son nom de Richard Wagner, qui était le compositeur favori d'Hitler. Un comble, alors que depuis le début du conflit, Vladimir Poutine justifie l'action russe pour "dénazifier" l'Ukraine.
Torture et exactions
Dmitri Outkine est de longue date dans le collimateur des autorités internationales. Dans le Journal officiel de l'Union européenne daté de décembre 2021, il est indiqué, dans une fiche nominative, que dans l'exercice de ses fonctions au sein de Wagner, "il est responsable de graves atteintes aux droits de l’homme commises par le groupe, dont des actes de torture ainsi que des exécutions et assassinats extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires."
"Cela inclut la torture jusqu’à la mort d’un déserteur syrien par quatre membres du groupe Wagner en juin 2017 dans le gouvernorat de Homs, en Syrie. Selon un ancien membre du groupe Wagner, Dmitri Outkine a personnellement ordonné que le déserteur soit torturé à mort et que l’acte soit filmé", est-il également indiqué.
Dans la foulée, l'UE a gelé les avoirs de celui qui se fait surnommer "Sa Majesté noire" ainsi que de sept autres membres de Wagner.
Cet épisode est relaté par un ancien membre de Wagner, Marat Gabidoulline, qui avait tenté de publier un livre, depuis interdit par le Kremlin, dans lequel il témoignait de cette exaction et en accusait directement Outkine.
"C'est lui qui leur a demandé de faire ça pour intimider les autres soldats syriens. Il a aussi ordonné de réaliser une vidéo. Tout le monde pense maintenant que les gens de Wagner sont des démons sanguinaires. Il faut traduire en justice ces quatre sadiques", ajoutait-il dans un entretien accordé à un média letton, repris par Le Point.
Proche de Poutine
Comme le soulignait Reuters dans un article dédié à Dmitri Outkine en 2016, celui-ci avait été invité à une réception organisée au Kremlin la même année. Une information confirmée par le porte-parole de la présidence russe, Dimitri Peskov.
Selon lui, l'homme avait été convié en tant que titulaire du Cavalier de l'Ordre du Courage, un honneur qui reconnaît les actes désintéressés de courage et de bravoure. Toutefois, les autorités avaient tenu à prendre leurs distances avec le groupe Wagner, en rappelant qu'en vertu de la loi russe, il était illégal de travailler en tant qu'entrepreneur militaire privé dans un autre pays.