Guerre en Ukraine: qu'est-ce que l'unité "Normandie-Niémen" dans laquelle Poutine affirme que des Français combattent?

Des Français sur le front aux côtés des Russes? Vladimir Poutine a affirmé mercredi 30 avril lors d'une intervention à Moscou que des citoyens français combattaient pour la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine.
"Il y a des gens qui ont partagé et qui partagent encore nos principes et nos valeurs. Ils sont à nos côtés. Aujourd'hui, des Français combattent aux côtés de nos soldats lors d'un opération militaire spéciale", assure le président russe, sans étayer ses propos.
"Ils ont baptisé leur unité 'Normandie-Niémen', comme le faisaient leurs grands-pères et leurs arrières-grands-pères", précise-t-il ensuite.
Si Vladimir Poutine ne donne pas plus de détails sur ces combattants, la chaîne de télévision russe d'État RIA évoque un soldat français portant l'indicatif "Padre" et un autre "Gauthier". Ces deux volontaires seraient d'anciens officiers de l'armée française partis combattre en Russie dans cette unité présentée par Moscou comme étant particulièrement active dans l'usage de drones de combat face aux hommes de Kiev.
De possibles cas de volontaires présents côté russe
Le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense pour BFMTV, rappelle qu'on ne dispose d'aucun "élément absolu" certifiant combien de combattants étrangers sont présents côté russe dans la guerre en Ukraine ou quel est leur état-civil.
Pour autant, la présence de volontaires français sur le front aux côtés des hommes de Poutine lui paraît "possible". "Il y a des Français pro-russes", rappelle notre consultant.
Ces hommes sont cependant forcément des individus volontaires, selon lui, c'est-à-dire ayant choisi de façon individuelle d'aller sur le front et non au nom de l'armée française. "Ce ne sont pas des soldats (...), même s'il peut y avoir d'anciens militaires", souligne notre consultant. Des cas isolés en somme, même s'ils ne sont pas quantifiables.
Une référence à un "passé glorieux" pour les Russes
La déclaration de Vladimir Poutine sur l'unité Normandie-Niémen s'inscrit par ailleurs dans le discours habituel du président russe qui prétend que la guerre en Ukraine est une simple "opération militaire spéciale" qui doit permettre de "dénazifier" son voisin.
L'homme fort du Kremlin reprend ainsi son narratif auprès de sa population et "fait référence à un passé très glorieux", explique Jérôme Pellistrandi, lorsque la Russie s'imposait face à l'Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale.
Une telle affirmation ne survient pas non plus par hasard, alors que la Russie est en plein préparatifs en vue des commémorations du 9-Mai, célébrant la victoire de l'URSS sur l'Allemagne nazie en 1945, prévues vendredi prochain.
Cette séquence, lors de laquelle aura lieu une grande parade militaire sur la Place rouge à Moscou, sera l'occasion pour la Russie de réaffirmer la puissance de son armée, alors que Donald Trump a pour la première fois rendu Moscou responsable du début de la guerre en Ukraine.
Créer une "confusion" chez les alliés de Kiev
Les propos de Vladimir Poutine ont aussi un objectif "d'instrumentalisation", indique notre consultant. "Son objectif est de créer de la division" au sein des Occidentaux alliés de l'Ukraine, mais aussi une forme de "confusion", juge Jérôme Pellistrandi.
Car de fait, l'unité "Normandie-Niémen" existe bel et bien au sein de l'armée française. Ce groupe de chasse aérien a été lancé pendant la Seconde Guerre mondiale en 1942 pour aller combattre aux côtés des forces soviétiques face à l'Allemagne nazie qui envahissait alors l'URSS.

Le nom du régiment fait notamment référence au Niémen, ce fleuve qui traverse l'actuelle Biélorussie, la Lituanie et une partie de la Russie, et qui a été franchi par les membres de l'unité lors d'une bataille en 1944. Forte de plus de 200 batailles remportées officiellement, l'unité reçoit les honneurs à la fin de la guerre, décorée notamment de la Légion d'honneur en France, et bénéficie toujours d'une image très positive.
Un difficile accord de paix entre Kiev et Moscou
"Ça s'inscrit dans une logique de confrontation" face aux Occidentaux alliés de Kiev et alimentée par Vladimir Poutine, estime Jérôme Pellistrandi, alors que notamment la France a pour la première fois attribué fin avril au renseignement militaire russe la responsabilité des cyberattaques contre des intérêts français, dont le piratage d'e-mails de l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron en 2017. La Russie avait répondu, parlant d'"accusations infondées".
Par ailleurs, les discussions en vue d'une paix entre Moscou et Kiev patinent depuis deux mois, Volodymyr Zelensky réclamant toujours un arrêt des combats "total et inconditionnel" et ne se satisfaisant pas des courtes trêves proposées par l'homme fort du Kremlin, actuellement perçu par les alliés de l'Ukraine comme celui qui bloque l'accord de paix.
Vladimir Poutine a proposé à l'Ukraine une trêve de trois jours du 8 au 10 mai afin de, selon lui, tester la disposition de Kiev à faire la paix. Volodymyr Zelensky a répondu dimanche, indiquant qu'il "ne croyait pas" que la Russie allait respecter cette trêve.