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"Ça permettrait juste à Poutine de rassembler plus de troupes": les Ukrainiens ne croient pas à la trêve de trois jours proposée par Moscou

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Volodymyr Zelensky estime que la Russie ne respectera pas le cessez-le-feu de trois jours proposé par Vladimir Poutine pour les commémorations russes du 9-Mai. Si les négociations penchent vers un gel de la ligne de front dans le sud de l'Ukraine, les habitants proches des combats sont du même avis que leur président.

Le président russe Vladimir Poutine a proposé une trêve de trois jours qui coïncide avec les commémorations russes du 9-Mai. Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré ne pas croire que la Russie respectera ce cessez-le-feu.

À Orikhiv, dans le sud de l'Ukraine près des combats, les habitants non plus ne croient pas au cessez-le-feu. Malgré les bombes qui continuent de s'abattre tout autour de chez eux, ces Ukrainiens ne veulent rien céder à Poutine.

"Ce n'est pas nous qui avons attaqué Poutine"

Trois bombes ont atterri dans le jardin de Mikhaelo. "Regardez, un cratère, un deuxième et un troisième là-bas", montre cet habitant de Orikhiv à la caméra de BFMTV.

Malgré la mort qui frappe chaque jour un peu plus près, ce septuagénaire refuse quelconque concession territoriale à Poutine.

"Je ne suis pas d'accord avec ça, il garderait tout, tout simplement, mais qui accepterait ça? Zelensky? Non, de toute façon même s'il annonçait ça au peuple, personne ne serait d'accord", affirme Mikhaelo

Raïa, son épouse, shrapnel dans la main, ne croit pas non plus la paix possible. Les Russes occupent le village voisin, à moins de cinq kilomètres.

"Geler la ligne de front, cela permettrait juste à Poutine de rassembler plus de troupes c'est tout, amasser plus d'armes pour ensuite nous attaquer encore", commente Raïa. "Parlez à mon mari, parce que moi je vais pleurer", ajoute-t-elle.

"Ce n'est pas nous qui avons attaqué Poutine, c'est lui qui est venu. Si quelqu'un entre chez vous et vous dit 'maintenant votre femme c'est la mienne', que feriez-vous? Vous essaierez de le mettre dehors par tous les moyens", fustige Mikhaelo.

Un cessez-le-feu pour se réarmer

À Orikhiv, l'une des trop nombreuses villes saignées par les affres de la guerre, on tient partout le même discours.

"Cela fait trois ans que nos soldats se battent, comment on pourrait tout geler maintenant? Ce serait comme les abandonner", estime Luba, une habitante.

Pour Lilia, un cessez-le-feu ne doit servir qu'à se réarmer. "Si le conflit s'arrête, j'espère que les nôtres reprendront des forces, construiront des usines souterraines et commenceront à fabriquer des drones pour atteindre le Kremlin et jusqu'en Sibérie."

Caroline Loyer : Ukraine, sacrifier la Crimée pour négocier ? - 29/04
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En attendant un hypothétique cessez-le-feu qui ne vient pas, les Ukrainiens installent des filets pour protéger civils et militaires des attaques incessantes de drones russes, dans cette guerre dont ici on ne voit pas la fin.

Nicolas Coadou