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Pour la NSA, les attentats de Paris n'auraient '"pas eu lieu" sans le cryptage des téléphones

Michael Rogers, le patron de la NSA.

Michael Rogers, le patron de la NSA. - Chip Somodevilla - Getty Images North America - AFP

Pour le patron de la NSA, les attentats du 13 novembre auraient pu être évités sans le cryptage de leurs communications téléphoniques par les terroristes.

Les cryptages téléphoniques ont-ils facilité les attentats de novembre, en France? Pour le patron de la NSA, cela ne fait pas de doute. Dans une interview publiée mercredi, Michael Rogers, le patron de l'agence de renseignement américaine, estime que les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis n'auraient "pas eu lieu" sans l'utilisation d'outils de communications cryptées qui ont permis aux jihadistes d'échapper aux radars de la surveillance. 

"Si on avait su, Paris n'aurait pas eu lieu"

Le directeur de la NSA a confirmé auprès de Yahoo News l'utilisation de technologies de cryptage dans l'organisation des attaques coordonnées revendiquées par Daesh qui ont fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés.

Selon lui, "certaines des communications" des jihadistes "étaient cryptées", ce qui a empêché les renseignements de remonter leurs traces. "Clairement, si on avait su, Paris n'aurait pas eu lieu", a déploré Michael Rogers dans cette interview réalisée la semaine dernière. 

Presque tous les téléphones des terroristes sont cryptés

En France, les autorités relativisent ces affirmations, comme le souligne le Parisien ce vendredi. Mais à la Justice comme à l'Intérieur, on reconnaît des difficultés fréquentes à mener les enquêtes criminelles, en raison du cryptage des données téléphoniques. Selon le Parisien, huit téléphones sont ainsi restés inexploités par la police judiciaire en 2015.

Ainsi, le procureur de la République de Paris François Molins rappelait en janvier que le téléphone de Sid Ahmed Ghlam, soupçonné d'avoir voulu attaquer une église à Villejuif en avril 2015, n'avait toujours pas pu être exploité.

"Aujourd'hui, quasiment tous les téléphones utilisés par les terroristes sont verrouillés et cryptés", ajoutait le procureur.

Sid Ahmed Ghlam avait lui-même évoqué le chiffrage de données par les terroristes auprès du juge, auquel il avait expliqué avoir utilisé les règles de sécurité de Daesh. "Pour écrire, je faisais comme Abou Omar m'avait appris, c'est-à-dire que je tapais mon texte, je le cryptais, puis je le recryptais une seconde fois et ensuite, je l'envoyais sur une boîte de stockage". 

Malgré les compétences des équipes de décryptage au sein des services de renseignement, le développement des smartphones rend le travail de déchiffrage de plus en plus complexe. 

Bras de fer sur le cryptage, aux Etats-Unis

La publication des propos du directeur de la NSA est intervenue en plein bras de fer aux Etats-Unis entre groupes technologiques, Apple en tête, et le gouvernement américain sur la protection des données stockées dans des téléphones réputés inviolables. Le groupe à la pomme a balayé la demande "sans précédent" d'une juge américaine de donner accès à la police fédérale (FBI) au contenu crypté de l'iPhone d'un des auteurs de la tuerie de San Bernardino, qui avait fait 14 morts début décembre en Californie.

Michael Rogers a affirmé être en faveur du cryptage pour ce qui est de la sécurité sur Internet, mais a fait part de ses réserves quant aux appareils qui ne peuvent pas être décryptés, même par des injonctions de justice ou des autorités. "Est-ce que le cryptage rend vraiment plus difficile pour nous d'accomplir notre mission? Oui", a-t-il déploré.

Adrienne Sigel, avec AFP