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"Il nous faut" le Groenland: la menace de Donald Trump avant la visite de son vice-président sur place

Le président américain Donald Trump répond aux questions d'un journaliste lors d'une réunion des ambassadeurs dans la salle du Cabinet de la Maison Blanche, le 25 mars 2025, à Washington DC (États-Unis). (Photo d'illustration)

Le président américain Donald Trump répond aux questions d'un journaliste lors d'une réunion des ambassadeurs dans la salle du Cabinet de la Maison Blanche, le 25 mars 2025, à Washington DC (États-Unis). (Photo d'illustration) - WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Le président des États-Unis a réitéré sa volonté, ce mercredi 26 mars dans une émission de radio, de contrôler le territoire du Groenland. Donald Trump a notamment justifié sa position en évoquant un "besoin" au regard de la "sécurité internationale".

"Il nous faut" le Groenland, a affirmé ce mercredi 26 mars le président américain Donald Trump, après la décision de Washington, saluée par le Danemark, de limiter la visite de sa délégation dans le territoire autonome danois.

"Je n'aime pas le dire comme ça, mais il va nous falloir" prendre possession de l'immense territoire arctique, a ajouté Donald Trump, deux jours avant la visite du vice-président JD Vance au Groenland.

Des déclarations qui risquent d'attiser la colère du gouvernement groenlandais et du Danemark, qui avaient déjà vivement critiqué l'arrivée non sollicitée d'une délégation de haut niveau avec la venue annoncée de l'épouse de JD Vance, pour une course de chiens de traineau, le déploiement d'une avant-garde de sécurité avec véhicules blindés à Nuuk ou encore la possible visite du conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz.

La tension monte d'un cran

Le Danemark et le gouvernement groenlandais semblaient avoir obtenu gain de cause, avec l'annonce par JD Vance qu'il se rendrait uniquement sur la base militaire de Pituffik. La diplomatie danoise a salué un revirement américain et précisé qu'il n'était plus question de déplacement ailleurs dans le territoire autonome danois.

"Je pense qu'il est très positif que les Américains annulent leur visite auprès de la société groenlandaise. À la place, ils visiteront leur propre base, Pituffik, et nous n'avons rien contre", a déclaré à la radio DR le ministre danois des Affaires étrangères Lars Løkke Rasmussen.

Le drapeau américain flotte devant le consulat des États-Unis à Nuuk, au Groenland, le 24 mars 2025. (Photo d'illustration)
Le drapeau américain flotte devant le consulat des États-Unis à Nuuk, au Groenland, le 24 mars 2025. (Photo d'illustration) © Juliette PAVY / AFP

"Les voitures (de la délégation américaine) qui ont été livrées il y a quelques jours sont en train d'être ramenées à la maison, et l'épouse du vice-président américain et son conseiller en matière de sécurité ne feront pas de visite dans la société groenlandaise", a-t-il précisé.

"L'affaire est en train d'être bouclée, et c'est positif", s'est félicité Lars Løkke Rasmussen avant d'ajouter: "je suis le ministre des Affaires étrangères, je dois donc parler de manière diplomatique, mais à bien des égards, il s'agit d'une pirouette magistrale pour faire croire à une escalade alors qu'il s'agit en réalité d'une désescalade."

Une forme d'"ingérence étrangère"

Le Premier ministre sortant groenlandais Mute Egede avait dénoncé, ce lundi 24 mars, une "ingérence étrangère" et le gouvernement par intérim avait rappelé qu'il ne pouvait y avoir d'invitation ni de rencontre officielle, faute d'exécutif en place.

Depuis les législatives du 11 mars dernier, le Groenland est en pleines négociations en vue de former une coalition gouvernementale. La Première ministre danoise Mette Frederiksen avait critiqué une "pression inacceptable" sur le Groenland et le Danemark, et promis d'y résister.

L'inspecteur de police adjoint groenlandais Gideon Kleist (C) s'adresse aux journalistes lors d'une conférence de presse devant le bâtiment des gardes de police à Nuuk, au Groenland, le 24 mars 2025.
L'inspecteur de police adjoint groenlandais Gideon Kleist (C) s'adresse aux journalistes lors d'une conférence de presse devant le bâtiment des gardes de police à Nuuk, au Groenland, le 24 mars 2025. © Juliette PAVY / AFP

JD Vance ira ce vendredi 28 mars sur cette base de la branche de l'armée américaine dédiée à l'espace, "pour être informé des sujets liés à la sécurité de l'Arctique" et rencontrer les troupes, ont indiqué mardi ses services. La base de Pituffik "sert à la détection de départ de missile, la défense antimissile et les missions de surveillance de l'espace", précise la vice-présidence américaine.

Donald Trump justifie son intérêt pour le Groenland par la nécessité d'y renforcer "la sécurité internationale".

Vers une désescalade prochaine?

Marc Jacobsen, maître de conférence au College royal de Défense danois, a estimé que la décision de limiter la visite de JD Vance constituait "une désescalade". "Le fait que les autorités groenlandaises et danoises vous disent que vous n'êtes pas les bienvenus est significatif", a-t-il dit à l'Agence France-Presse.

"Le risque d'une couverture négative dans les médias et les réseaux sociaux a peut-être encore plus pesé", ajoute-t-il, rappelant qu'une manifestation était annoncée à Sisimiut, après une première manifestation anti-américaine dans la capitale Nuuk le 15 mars. Sur le fond, le spécialiste estime que le seul pays qui menace le Groenland sont les États-Unis. "La Chine ou la Russie (..) n'ont aucun intérêt à attaquer le Groenland", dit-il, et ils n'y ont "aucune activité" actuellement.

Depuis décembre 2024 et les premières annonces de Donald Trump sur son intention d'acquérir l'immense île arctique, sa classe politique a souligné qu'elle n'était pas à vendre, mais "ouverte aux affaires".

Groenland, Panama... Faut-il prendre au sérieux les menaces d'annexion de Trump?
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Dans un sondage réalisé fin janvier, la population groenlandaise s'est dite massivement opposée à l'idée d'un rattachement à Washington. Territoire grand comme quatre fois la France, le Groenland attise les convoitises sur ses supposées richesses minérales, très largement inexploitées.

C.D. avec AFP