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L'Algérie veut expulser 12 agents de l'ambassade de France, Paris critique une "décision injustifiée" et menace de représailles

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L'Algérie demande à 12 agents français de quitter le territoire sous 48 heures. Une décision prise en réaction à la récente arrestation de trois ressortissants algériens soupçonnés d'être impliqués dans l'enlèvement d'un influenceur. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot demande à l'Algérie de "renoncer" à ces mesures d'expulsion.

Il s'agit pour Jean-Noël Barrot d'une décision "injustifiée". Les autorités algériennes demandent à 12 agents français de quitter le territoire algérien sous 48 heures, a appris BFMTV ce lundi 14 avril, confirmant une information du Figaro. Selon le quotidien, cette mesure inédite depuis 1962 concerne des personnels sous statut diplomatique ou administratif. Certains relèvent du ministère de l'Intérieur.

Le ministre des Affaires étrangères explique à BFMTV qu'il s'agit d'une décision prise en réaction à la récente arrestation de trois ressortissants algériens "soupçonnés de faits graves sur le territoire national français".

Trois personnes, dont un agent consulaire algérien, soupçonnées d'être impliquées dans l'enlèvement de l'influenceur Amir Boukhors en avril 2024 ont été mises en examen ce vendredi 11 avril pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour, en relation avec une entreprise terroriste, selon le parquet national antiterroriste (Pnat) français.

La réponse de l'Algérie est "injustifiée au fond et sans aucun rapport avec les faits" dont sont soupçonnées les trois personnes arrêtées, estime Jean-Noël Barrot.

"Nous avons décidé ensemble, avec le gouvernement algérien, de retisser le fil du dialogue au service de nos deux pays. Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d'expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours", exhorte-t-il, menaçant de "répondre immédiatement" à cette décision si elle est maintenue.

Un argumentaire "vermoulu et farfelu"

L'Algérie avait vivement protesté samedi la mise en examen de son agent consulaire, qualifiant l'argumentaire du ministère de l'Intérieur de "vermoulu et farfelu". "Ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises" avait prévenu le ministère algérien des Affaires étrangères, après avoir reçu l'ambassadeur français en Algérie.

Ces remous interviennent une semaine après la visite dans la capitale algérienne du ministre des Affaires étrangères français. À l'issue d'entretiens avec son homologue Ahmed Attaf et avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, Jean-Noël Barrot, avait annoncé une "nouvelle phase" des relations franco-algériennes, qui s'étaient récemment dégradées.

Quelques jours auparavant, le président français Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune avaient déjà acté la fin de mois de crise d'une rare intensité, qui avait conduit les deux pays au bord de la rupture diplomatique. En cause, le revirement français sur le Sahara occidental, ou encore la détention de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal.

Mathieu Coache avec Emilie Roussey