"Vous avez du sang sur les mains": un ex-membre de la Ciivise interrompt l'évêque de Bayonne sur Bétharram

Des représentants de l'église catholique interpellés sur Bétharram. L'évêque de Bayonne, Mgr Marc Aillet, et le père Laurent Bacho, représentant de la congrégation de Bétharram, ont été interrompus en pleine conférence de presse organisée avec un représentant de la congrégation de Bétharram et le responsable de l'enseignement catholique du diocèse par un membre de la Ciivise, ce jeudi 13 mars à Bayonne.
"Je dénonce ce simulacre. (...) Que justice se fasse pour les victimes", dénonce Arnaud Gallais, président de Mouv'Enfants, association de défense des droits de l'enfant, et ancien membre de la Ciivise.
"Vous avez du sang sur les mains", dénonce-t-il, affirmant avoir lui-même été "violé entre l'âge de 8 et 11 ans" par des membres de l'institution.
D'anciens religieux et personnels laïcs de Notre-Dame-de-Bétharram sont visés par plus de 150 plaintes déposées pour violences physiques, agressions sexuelles et viols.
Une "honte"
"Pourquoi Henri Lamasse est toujours à Bétharram? Celui qui a violé Jean-Marie Delbos?", dénonce-t-il encore, évoquant l'homme de 94 ans qui avait été placé en garde à vue mi-février dans le cadre de l'enquête judiciaire et remis en liberté sans être poursuivi en raison de la prescription des faits qui lui étaient reprochés.
"Pourquoi Henri Lamasse est encore à Bétharram, proche des enfants? C'est ça dont il faut parler. Vos mots, on s'en fout", martèle-t-il.
Interrogé ensuite au micro de BFMTV, Arnaud Gallais accuse les participants de la conférence de presse d'être des "menteurs", lorsqu'ils soutiennent découvrir seulement maintenant les faits d'abus sexuels et physiques reprochés à d'anciens membres de Bétharram.
"Ce n'est pas sérieux, c'est une honte", juge-t-il, accusant les représentants de Bétharram d'être "des gens en toute puissance et qui vivent dans l'impunité".
L'évêque dit entendre sa "colère"
Pendant la conférence de presse, le père Laurent Bacho a assuré que "jamais" la congrégation "ne se doutait de ce qu'il se passait" dans l'établissement scolaire.
"Les faits qui se sont passés sont horribles et monstrueux (...), nous sommes effondrés", a-t-il assuré.
L'évêque de Bayonne, Mgr Marc Aillet, a répondu à Arnaud Gallais, assurant "entendre" sa "colère" et sa "souffrance". Il a par ailleurs dénoncé une "loi de l'omerta" qui avait cours à l'époque, disant la "réprouver aujourd'hui". "L'Église, comme les autres corps institutionnels, ne s'est pas rendue compte de ça. Je pense qu'on ne prenait pas conscience de la gravité de choses", a-t-il jugé.
Confiant éprouver de la "honte" face aux nombreux témoignages de victimes, il a dit sa "solidarité" avec elles. "J'encourage les victimes à parler", a-t-il appelé.
Un prêtre sanctionné par l'Église
Le directeur diocésain de l'enseignement catholique Vincent Destais a indiqué de son côté avoir envoyé "un courrier à tous les chefs d'établissement" pour "recevoir toutes les victimes passées", accueillir leur parole et les "encourager à porter plainte".
"Notre sentiment de honte, de souffrance et de compassion" est "collectif", a assuré ce responsable éducatif du diocèse, dont les 132 établissements accueillent 29.000 élèves aujourd'hui.
L'évêque de Bayonne a par ailleurs annoncé pendant la conférence de presse que le prêtre Henri Lamasse, qui a reconnu un fait d'agression sexuelle prescrit dans le cadre de l'affaire Bétharram a été sanctionné à titre conservatoire par l'Église. Il ne peut désormais plus "dire la messe".
Une commission d'enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire, a été créée à l'Assemblée nationale dans le sillage de l'affaire Bétharram. Elle a déclaré mercredi vouloir "auditionner" le Premier ministre François Bayrou, ministre de l'Éducation à l'époque des faits présumés.