"Je n'attends rien des politiques": une des victimes de Bétharram réagit à la convocation de Bayrou

Un rendez-vous attendu. La commission d'enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire, créée à l'Assemblée nationale dans le sillage de l'affaire Bétharram, a indiqué mercredi 13 mars vouloir "auditionner" le Premier ministre François Bayrou. L'actuelle ministre de l'Éducation nationale, Élisabeth Borne, sera elle aussi "auditionnée par notre commission", a ajouté le député Insoumis.
Lors de la première journée d'auditions, qui doit se tenir le 20 mars, sera également entendu Alain Esquerre, le porte-parole du collectif des victimes de violences au sein de l'établissement au coeur d'un scandale de violences et viols s'étalant sur plusieurs décennies. Le parquet de Pau enquête sur plus d'une centaine de plaintes.
"Je m'en fous de Bayrou"
Pour autant, plusieurs victimes d'exactions dans cet établissement scolaire du Béarn estiment que l'audition du Premier ministre n'est pas suffisante. Éric Veyron, ancien élève de l'institution Bétharram de 1979 à 1982 où il a été victime de violences et d'abus sexuels dans cet établissement ne croit pas trop en la commission d'enquête.
Ce dernier a une grande défiance envers les politiques dans le cadre de l'affaire et pour lui, la commission devrait entendre des victimes comme lui pour éviter que d'autres enfants soient abusés.
"Je n'attends rien des politiques. La seule avancée qu'il y aura c'est le jour où on fermera Betharram. Il n’y a pas de raisons que cet établissement de l’horreur reste ouvert", assure-t-il auprès de BFMTV.
Et l'ancien élève d'ajouter: "Honnêtement je m'en fous de Bayrou, je veux qu'une seule chose c'est que Bétharram ferme! Après les hommes politiques je n'ai aucune confiance en eux. C'est un menteur on le sait, il a menti devant tout le monde...", accuse-t-il.
De manière générale, Éric Veyron dit ne rien attendre de cette commission. "Je ne vois pas du concret dans ce genre de chose. Il y a un curé qui est admis avoir violé un enfant, il est dans un Ehpad, sans bracelet électronique, il est libre comme l'air", déplore-t-il.
Les politiques entendus en mai
La liste des auditions, qui se dérouleront sous serment, est par ailleurs encore ouverte, ont dit les députés.
Les travaux de la commission d'enquête vont se dérouler en trois étapes, a précisé Fatiha Keloua Hachi (PS), la présidente de la commission. D'abord les auditions de victimes, puis celles de l'administration, notamment de l'Éducation nationale, et enfin les auditions des responsables politiques. Les convocations n'ont pas encore été envoyées à ces derniers.
Selon la députée socialiste, les auditions des responsables politiques pourraient se tenir vers début mai. Elle espère une remise du rapport de la commission d'enquête fin juin.