Pape François hospitalisé pour une pneumonie bilatérale: pourquoi l'état de santé du souverain pontife inquiète

Le pape François, hospitalisé depuis vendredi et atteint d'une pneumonie bilatérale, a passé une "nuit paisible", a annoncé ce mercredi 19 février le Vatican alors que l'inquiétude grandit autour de l'état de santé du pontife de 88 ans.
François, hospitalisé depuis vendredi à l'hôpital Gemelli de Rome, a passé mardi un scanner thoracique qui a révélé une pneumonie bilatérale et continue d'afficher un tableau clinique "complexe" nécessitant "un traitement médicamenteux supplémentaire", selon le dernier bulletin de santé publié mardi soir.
Le jésuite argentin, atteint de fragilités respiratoires et à qui on a retiré le lobe pulmonaire droit lorsqu'il était jeune, a contracté une "infection polymicrobienne, dans un contexte de bronchectasies et de bronchite asthmatique", et son traitement thérapeutique est "complexe".
Un risque de complications lié à l'âge
"D'abord, il a eu une bronchite classique. Il y a huit jours, le pape avait du mal à parler et à respirer donc on se doutait qu'il y avait une pathologie pulmonaire", explique Alain Ducardonnet, consultant santé de BFMTV. Compte tenu du fait que son état de santé ne s'arrangeait pas, le pape François a été hospitalisé, des complications étant suspectées.
Et cela s'est confirmé avec cette inflammation des bronches qui s'est diffusée à l'ensemble du tissu pulmonaire. "On a donc les deux poumons qui sont infectés, c'est ce qu'on appelle une pneumonie", poursuit Alain Ducardonnet.
Une telle pathologie est plutôt fréquente. À titre d'illustration, on compte en moyenne 400.000 cas par an en France. Toutefois, dans le cas présent, c'est l'âge du pape qui inquiète.
"L'immunité est beaucoup moins forte chez les sujets âgés, ils se défendent moins bien et les poumons sont moins souples donc moins efficaces pour se nettoyer", commente Alain Ducardonnet, qui ajoute que "la pneumonie est la première cause de décès chez les personnes âgées". "Pour les personnes hospitalisées, il y a 30 à 40% de décès", note-t-il.
"On n'arrive pas à trouver le bon traitement"
Pour le spécialiste, l'évolution de l'état de santé du pape dans les prochaines 48 heures est cruciale. "Plus vite le traitement répond, moins les complications qui viennent en interférence à cette pneumonie risquent d'arriver", fait valoir Alain Ducardonnet.
Comme le souligne Philippine de Saint-Pierre, directrice générale de la chaîne de télévision KTO, si le Vatican n'est pas toujours très transparent, celui-ci parle toutefois d'un "tableau complexe" concernant l'état de santé du pape François. "Ça veut dire qu'on n'arrive pas à trouver le bon traitement par rapport à une situation qui se dégrade", commente-t-elle.
Après avoir initialement libéré son agenda jusqu'à mercredi, le Vatican a annoncé mardi l'annulation de son audience jubilaire de samedi, précisant que le pape ne présiderait pas non plus la messe de dimanche.
Des problèmes pulmonaires depuis ses 21 ans
Malgré des alertes de santé à répétition ces dernières années - problèmes de hanche, douleurs au genou qui l'obligent à se déplacer en fauteuil roulant, opérations, infections respiratoires - Jorge Bergoglio a maintenu un rythme effréné au Vatican, au grand dam de ses médecins qui ne cessent de lui répéter de ralentir la cadence.
En outre, le souverain pontife souffre de problèmes pulmonaires depuis l'âge de 21 ans. "Il avait déjà subi une ablation partielle d'un poumon à la suite d'une bronchite qui s'était compliquée", rappelle Philippine de Saint-Pierre.
Cette hospitalisation, la quatrième en moins de quatre ans, a relancé les interrogations sur sa santé fragile, d'autant qu'elle intervient au début de l'année jubilaire de l'Église catholique, marquée par une longue liste d'événements, dont beaucoup sont présidés par le pape.
Il a appelé la paroisse de Gaza lundi
Avant son hospitalisation, le chef de l'Église catholique était en effet apparu affaibli, le visage gonflé, la voix essoufflée et avait à plusieurs reprises délégué la lecture de ses discours à ses assistants.
En revanche, comme le rapporte Philippine de Saint-Pierre, le pape a téléphoné ce lundi à la paroisse de Gaza qu'il appelle traditionnellement plusieurs fois par semaine. "Ils nous ont dit que la voix était très faible, qu'il avait l'air très fatigué, mais qu'il était de bonne humeur et qu'il voulait prendre de nos nouvelles", raconte-t-elle.
Depuis son élection en 2013, le pape a toujours laissé ouverte la possibilité de renoncer à sa charge si sa santé l'empêchait d'exercer ses fonctions, à l'image de son prédécesseur Benoît XVI.