Qui sont ces jeunes filles qui veulent rejoindre Daesh?

Une jeune femme d'un mouvement islamique à Gaza, le 29 mars 2008 (Photo illustration). - Mahmud Hams – AFP
Elles étaient deux de plus ce week-end à vouloir rallier la Syrie. Israé et Louisa, deux lycéennes de Haute-Savoie, ont fugué vendredi pour rejoindre Daesh, mais ont fini par y renoncer 48 heures plus tard. Agées de 15 et 16 ans, elles sont les nouvelles recrues du groupe terroriste, qui compte pas moins de 600 Français dans ses rangs.
"Avant 2013, on avait des cas de jeunes de filles, mais c’était très marginal. Or depuis, c’est devenu un phénomène relativement massif. Ça couvre entre 15% et 20% des départs", estime le sociologue Farhad Khosrokhavar au micro de BFMTV.
Chez les jeunes, la part des femmes est encore plus importante. Elle représente un tiers des départs chez les 15-21 ans, la catégorie la plus vulnérable au jihad. Mais qui sont ces jeunes filles et quelles sont leurs motivations?
> En rupture avec notre société
Pas forcément illettrées, ces jeunes adolescentes en quête du jihad veulent surtout participer à la violence de manière active. "Elles veulent affirmer leur rupture avec la société et elles savent pertinemment que le jihadisme est vécu comme étant une menace contre l’ordre social", remarque Farhad Khosrokhavar. "Il y a vraiment une affirmation de soi en tant qu’adulte. Elles deviennent maîtresses de leur propre sort."
> Le jihadiste, leur idéal masculin
Pour certaines d’entre elles, le départ vers la Syrie est également la quête du cœur, d’un idéal masculin. "Ça a une sorte d’exotisme et de romantisme", confie le sociologue franco-iranien. "Elles sont à la recherche d’hommes virils, des chevaliers de la foi qui croiseraient le fer avec les ennemis."
A leurs yeux, les jihadistes paraissent sérieux. "Elles peuvent davantage leur faire confiance contrairement aux jeunes garçons qui les entourent, dont elles pensent que ce sont des efféminés, des personnes peu fiables qui peuvent changer de copine du jour au lendemain", analyse le directeur d’école des hautes études en sciences sociales (EHESS). Certaines jeunes filles sont également séduites par l’idée de se marier avec eux.
> Une image idéalisée de la Syrie
Par manque de recul et de raisonnement, ces jeunes femmes se font une image tronquée de la réalité. "C’est une sorte d’image onirique, construite dans leurs rêves. Et ça, c’est la manipulation de Daesh avec leur propagande sur les réseaux sociaux qui les appellent à construire une nouvelle vie", affirme Farhad Khosrokhavar.
Elles ne réalisent tout simplement pas les conditions de captivité de certaines d’entre elles et les horreurs infligées aux esclaves sexuelles. Elles ne mesurent pas non plus la dureté d’un quotidien sur fond de maltraitance et d’absence de libertés. A l’instar de Sophie Kasiki, une éducatrice de banlieue, certaines Françaises, parties faire le jihad en Syrie, sont revenues en France, constatant un fossé entre la propagande affichée et la réalité.