Présidentielle: seulement 51% des 18-24 ans jugent important d'avoir un gouvernement démocratique
Au soir du premier tour des élections départementales et régionales de juin 2021, les jeunes ont brillé par leur absence. Dans le cadre d'un scrutin marqué par une forte abstention, la dynamique a encore été plus forte chez les 18-34 ans. 82% d'entre eux ne se sont pas déplacés pour le premier volet de ce scrutin, 79% au second tour. Désamour des jeunes pour la politique? Désintérêt des enjeux présents dans le débat public?
Une arène politique désuète?
À l'approche de l'élection présidentielle, deux études menées par Harris Interactive permettent de mieux comprendre le rapport qu'entretiennent les jeunes avec la chose politique. Et de dresser un constat. Bien que manifestant un vif intérêt pour des sujets comme les violences faites aux femmes ou l'écologie, les jeunes ne considèrent plus l'arène politique comme un moyen efficace de défendre leurs convictions.
Dans une première étude menée sur un échantillon de 1002 personnes âgées de 16 à 25 ans, Harris interactive laisse entendre que ces derniers sont sensibles à la prochaine échéance électorale. 62% des 16-25 se déclarent ainsi intéressés par la campagne présidentielle. Mais c'est le sentiment qu'elle suscite qui interroge. Car parmi les personnes interrogées, seulement 13% se déclarent "enthousiastes" à son propos. Et pour 48%, elle déclenche même de "l'inquiétude".
Pour Alice Timsit, responsable de la mobilisation des jeunes au sein de la campagne de Yannick Jadot, "on ne parle pas assez des sujets qui préoccupent les jeunes. On passe beaucoup plus de temps à parler de problèmes de sécurité, d'immigration, contrairement à l'écologie, le pouvoir d'achat ou la santé", estime-t-elle, invitée sur le plateau de BFMTV ce vendredi matin.
Des convictions qui ne se traduisent pas en engagement partisan
Des propos qui entrent en écho avec une seconde étude menée par Harris interactive pour l'Institut Montaigne. Reposant sur un échantillon de 8000 personnes âgées de 18 à 24 ans, les sujets de préoccupations majeures des jeunes concernent "les violences faites aux femmes", à 77%, suivi du "racisme", à 67%. Viennent ensuite la lutte contre le terrorisme, l'écologie et la faim dans le monde.
Mais bien que les jeunes possèdent de nombreuses causes qui leur tiennent à cœur, ces dernières ne se traduisent pas dans un engagement partisan. Ainsi, toujours selon la même étude, 55% des 18-24 ans interrogés ne peuvent indiquer de préférence partisane. Concernant l'écologie, sujet de préoccupations importantes, seulement 1 jeune sur 10 se dit proche d'EELV.
Un désintérêt des structures politiques traditionnelles, qui se traduit par une méfiance plus grande vis-à-vis des institutions démocratiques. Seulement 51% des jeunes jugent important l'attachement au principe d'un gouvernement démocratique, contre 71% pour les "baby-boomers".
Pour Clémentine Dupuy, porte-parole des Jeunes avec Macron, la démocratie "est devenue une évidence pour notre génération qui n'a jamais eu à connaître autre chose. C'est ça la priorité de cette élection, rappeler aux jeunes l'importance de la démocratie, et défendre cette démocratie", a-t-elle déclaré sur BFMTV.
Pour Guilhem Carayon, l'explication de ce désintérêt des jeunes à la démocratie est à chercher du côté des "promesses non tenues" de la part des responsables politiques, fustigeant l'annonce faite par Emmanuel Macron au début de son quinquennat, concernant sa volonté de mettre fin au sans-abrisme, non-concrétisée dans les faits.
"Le premier parti de France chez les jeunes, c'est l'abstention", a ainsi regretté Guilhem Carayon sur BFMTV.
Le soir du 10 avril prochain, date du premier tour de l'élection présidentielle, un chiffre sera donc particulièrement scruté. Celui de l'abstention des jeunes. Les prévisions faites par Harris Interactive évoquent pour l'instant un taux à 34%, concernant ceux inscrits sur les listes électorales.