BFMTV
Manifestations

Mobilisation, intrusion dans un ministère... les temps forts de cette journée de manifestations du 18 septembre

placeholder video
Plusieurs centaines de milliers de Français ont manifesté ce jeudi 18 septembre à l'appel des syndicats pour faire pression sur le Premier ministre dans l'élaboration du budget. La mobilisation est plus importante que celle de la semaine dernière avec l'initiative "Bloquons-Tout"

Au terme de cette journée de mobilisation sociale du 18 septembre, des centaines de milliers de français ont manifesté dans toute la France pour peser sur les arbitrages budgétaires du Premier ministre.

• Une mobilisation en hausse par rapport au 10

Selon la CGT, il y avait un million de personnes dans les rues aujourd'hui, le double du chiffre communiqué par le ministère de l'Intérieur en fin de journée. La semaine dernier, le 10 septembre, lors du mouvement "Bloquons tout", le ministère de l'Intérieur avait dénombré 200.000 manifestants sur tout le territoire.

Selon un sondage Elabe réalisé pour BFMTV, 56% des Français "soutiennent" ou ont au moins de la "sympathie" pour cette journée de grève. Un taux d'approbation légèrement inférieur aux mobilisations contre la réforme des retraites en 2023 (entre 60 et 63%).

• Les transports en commun perturbés

Témoignage de cette mobilisation, de nombreuses perturbations ont été signalées dans la matinée dans les transports en commun de plusieurs grandes villes du pays comme à Lyon (tramway, bus), Marseille (bus), Lille (métro, tramway, bus), Toulouse (métro, bus), Bordeaux (tramway, bus), Nantes (tramway, bus) et Strasbourg (tramway, bus).

Bruno Retailleau avait signalé tôt dans la matinée des "tentatives de blocage" en région parisienne, notamment contre des dépôts de bus à Aubervilliers et Saint-Denis. "On a déjà débloqué un certain nombre de blocages", avait-t-il annoncé.

Vers la fin de la journée, le ministère des Transports a estimé que le trafic avait été "perturbé mais pas bloqué", se félicitant même d'améliorations concernant le métro parisien.

L'entrée de la station République du métro parisien fermée lors d'une grève nationale contre la réforme des retraites le 31 janvier 2023
L'entrée de la station République du métro parisien fermée lors d'une grève nationale contre la réforme des retraites le 31 janvier 2023 © Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

• Des tentatives de blocages et de sabotages

Des blocages filtrants ont été instaurés par des élèves à l'entrée d'une cinquantaine de lycées, une vingtaine ont été complètement bloqués, soit 75 établissements au total. La police a procédé à des interventions pour mettre fin aux blocus.

Des manifestants ont tenté de bloquer des axes routiers comme à Toulon avec une opération escargot sur l'A50 et l'A57. Les tentatives de grévistes à Lyon ont rapidement été mises en échec.

Le ministre démissionnaire de l'Intérieur a également évoqué dans la matinée une "tentative de sabotage contre un réseau d'eau" déjouée en Martinique.

• Pharmacie, école, EDF, ces secteurs mobilisés

Certains secteurs étaient particulièrement mobilisés comme les pharmaciens. Leurs organisations syndicales indiquaient que neuf officines sur dix étaient grévistes, hors réquisitions. Dans l'éducation, le syndicat SNES-FSU communiquait sur 45% de grévistes dans les collèges et lycées.

EDF a fait état à la mi-journée sur son site internet de quelque 4.000 MW de baisses de charge dans ses centrales de production d'électricité liées à la grève, soit l'équivalent de quatre réacteurs nucléaires. "La baisse de production est susceptible de se prolonger jusqu'à la fin du mouvement social annoncé", indiquait l'énergéticien sur son site internet.

• Des heurts dans des cortèges régionaux

Des cortèges se sont élancés dans le courant de la matinée à Toulon, Nice, Lyon, Marseille, Nantes, émaillés parfois par des violences.

À Lyon, un journaliste de France Télévisions et deux policiers ont été blessés lors de heurts entre forces de l'ordre et un groupe de jeunes masqués en tête de la manifestation, qui a rassemblé 14.000 personnes selon la police, 20.000 d'après les syndicats.

À Rennes, des incidents ont éclaté peu après le départ du cortège et "un gendarme mobile a été blessé à la main à l'occasion de l'interpellation d'un black bloc", selon la gendarmerie.

Le ministère de l'Intérieur dit avoir recensé 282.477 manifestants en dehors de Paris.

En marge des manifestations parisienne, une cinquantaine de personnes ont pénétré dans la cour du ministère de l’Économie et des Finances pour un "happening" d’une vingtaine de minutes, sans heurts ni dégradation.

"Le ministère rappelle que si la liberté d’expression et de manifestation est garantie dans notre pays, elle ne saurait en aucun cas justifier des intrusions illégales dans des bâtiments publics", a-t-il réagi dans un communiqué.

• Des dizaines de milliers de manifestants à Paris

À Paris, les forces de l'ordre sont intervenues en faisant usage de gaz lacrymogène à partir de 17h30 sur la place de la Nation pour repousser des manifestants leur jetant des projectiles.

Le cortège, parti de la place de la Bastille peu après 14 heures, a défilé globalement dans le calme jusqu'à place de la Nation, lieu de fin de la manifestation.

"Plusieurs individus à risque ont été repérés" dans le cortège, avait rapporté la préfecture de police, et les forces de l'ordre sont intervenues pour empêcher une "tentative de dégradation d'un commerce", puis une "intrusion par dégradation dans un fast-food" et "mettre fin à une attaque de banque et empêcher une intrusion".

Des abribus et des panneaux publicitaires ont été dégradés, une agence bancaire a été taguée. Le défilé parisien a réuni 55.000 personnes selon le ministère de l'Intérieur, est donc terminé.

• Bruno Retailleau affirme que la France "n'a pas été bloquée"

Depuis la place Beauvau, en fin de journée, Bruno Retailleau, a communiqué un nouveau bilan à 309 interpellations et 134 gardes à vue à travers le pays. Le ministre de l'Intérieur démissionnaire s'est félicité que "la quasi-totalité" des manifestations se soient déroulées dans "de bonnes conditions".

Bruno Retailleau a relevé que "la France n'a pas été bloquée" malgré la présence de "7.300 individus radicalisés".

"Nous avons garanti la liberté de manifester", estime-t-il

Lors d'un point presse, il a indiqué que "26 membres des forces de l'ordre ont été blessés" aujourd'hui en France.

• Nouvelle réunion des syndicats vendredi

Plus tard dans la soirée, Sébastien Lecornu, a fait publier un communiqué de presse dans lequel il dit "réaffirmer [s]on engagement à poursuivre le dialogue avec l’ensemble des partenaires sociaux".

Le locataire de Matignon considère que "les revendications portées par les représentants des organisations syndicales et relayées par les manifestants dans les cortèges sont au cœur des consultations qu'[il a] engagées", et a dit qu'il recevrai "à nouveau les forces syndicales dans les jours qui viennent".

Il a en revanche condamné les violences contre les forces de l'ordre et de secours ainsi que les dégradations.

Les confédérations syndicales en revanche, "se félicitent de la réussite" des manifestations, mais "n'ont pas de date fixée pour une nouvelle mobilisation", d'après les informations recueillies par BFMTV.

Une réunion est fixée ce vendredi matin à 8 heures à Montreuil, au siège de la CGT pour que les centrales syndicales décident ou non d'une nouvelle date pour une autre manifestation. Selon nos informations, certains plaident pour une autre journée comme celle de ce 18-Septembre quand d'autres veulent attendre un retour du Premier ministre.

• "Un grand succès" pour la gauche

Le coordinateur national de La France insoumise Manuel Bompard appelle à "continuer la mobilisation" au terme d'une journée de grève qui a été "un grand succès". "Il y aura d'autres mobilisations dans les prochains jours, j'en suis convaincu", poursuit le député des Bouches-du-Rhône sur notre antenne, estimant que "sans mobilisation populaire, il n'y aura pas de changement de politique".

Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Ecologistes a dit sa fierté d'avoir participé à ce mouvement.

Olivier Faure, premier secrétaire du PS s'est également réjouit de cette journée. "Il est temps de mettre fin à la confiscation démocratique, au mépris des urnes comme des mobilisations populaires. (...) Si le gouvernement persiste dans une fuite en avant, nous le censurerons. Les seuls agents du désordre sont ceux qui se résolvent à l’injustice", s'est-il exprimé sur X.

Jordan Bardella, le président du Rassemblement national a publié un message sur X pour condamner les violences perpétrées à l'égard des forces de l'ordre. "Tout mon soutien aux forces de l’ordre agressées par des milices d’extrême gauche qui pourrissent les mobilisations sociales. Le message de l’Etat doit être clair : toute personne qui s’en prend à nos policiers doit immédiatement dormir en prison".

Florent Bascoul