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Gilets jaunes: à quoi s'attendre ce samedi?

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Manifestation d'ampleur à Valence, rassemblements d'hommage aux victimes de violences policières à Paris, Toulouse ou Marseille. Que réservent les gilets jaunes pour ce douzième week-end de mobilisation?

En pleine polémique sur l'usage du LBD et les violences policières, les gilets jaunes préparent leur douzième samedi de mobilisation. À Paris comme partout en France, ce nouveau week-end sera dédié aux blessés des précédentes semaines. 

Samedi dernier, le 26 janvier, le ministère de l'Intérieur avait dénombré 69.000 gilets jaunes dans le pays, en baisse par rapport aux 84.000 recensés une semaine plus tôt. Un comptage contesté samedi après samedi par les manifestants.

Les policiers à nouveau équipés de LBD

Samedi dernier à la fin de la manifestation parisienne, une figure connue des gilets jaunes, Jérôme Rodrigues, avait été gravement touché à l'oeil, selon lui par un tir de LBD, alors qu'il filmait le rassemblement. Cette nouvelle blessure a nourri un débat de plus en plus vif à mesure qu'augmente le nombre de manifestants présentant des blessures graves, de samedi en samedi.

Le Conseil d'État ayant refusé de suspendre l'usage du LBD ce vendredi, les forces de l'ordre devraient à nouveau être équipées de lanceurs de balles de défense ce week-end. Le gouvernement n'admet de son côté que quatre cas de graves blessures à l'oeil, et défend des armes qui restent nécessaires pour éviter des contacts directs violents, et davantage de blessures, entre manifestants et forces de l'ordre.

Alors qu'il annonçait un dispositif policier "puissant et adapté" pour samedi, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a répété ce vendredi que l'usage du LBD était "strictement encadré et codifié". "Si la loi était respectée, tout simplement, il n'y aurait pas de blessés", a-t-il ajouté en conférence de presse.

Un samedi dédié aux victimes de violences policières

À Paris, les gilets jaunes appellent à une "marche blanche dans le calme" en hommage "aux blessés et aux mutilés victimes de la violence policière", entre la place Félix Eboué, dans le 12e arrondissement, et la place de la République. Des gilets jaunes se rassembleront également samedi à Nancy "contre les violences policières", et dimanche à Nantes en hommage aux blessés. 

Les manifestants, comme nombre de syndicats et d'associations, dénoncent un "usage disproportionné de la force" qui "mutile inutilement des gens à vie". Ils réclament l'interdiction de grenades lacrymogènes GLI-F4, et lanceur de balles de défense ou de grenade de désencerclement DMP. Une pétition lancée jeudi par un collectif de médecins contre l'utilisation du LBD a déjà récolté plus de 75.000 signatures.

Selon le collectif militant "Désarmons-les" et le journaliste indépendant David Dufresne, plus d'une centaine - de manifestants surtout, mais aussi de journalistes et passants - ont été blessés de la sorte. Une majorité a été victime de tirs de LBD, dont une vingtaine à l'oeil, la plupart éborgnés.

10.000 personnes attendues à Valence

La ville de Valence, dans la Drôme, se prépare à l'arrivée de plusieurs milliers de manifestants. En Auvergne-Rhône-Alpes, de nombreux gilets jaunes ont en effet confirmé leur intention de rejoindre cette manifestation, présentée comme une "marche régionale" sur une page Facebook comptant déjà plus de 5.000 intéressés.

"Nous attendons entre 8.000 et 10.000 manifestants, et on craint, comme on l'a vu dans d'autres manifestations dont celle de Bourges (le 12 janvier, ndlr), environ 10% de casseurs", a déclaré le maire LR de Valence Nicolas Daragon.

En lien avec la préfecture, la mairie a indiqué avoir pris des mesures exceptionnelles, parmi lesquelles un périmètre fermé "assez large" dans le centre-ville avec des contrôles d'identité sur les points d'accès, et a recommandé aux commerçants de baisser le rideau. Les transports en commun seront interrompus, les parkings souterrains fermés et une grande partie du mobilier urbain a déjà été démonté.

D'autres rassemblements en région

À Toulouse, les gilets jaunes innoveront ce week-end, en ordre dispersé. Certains affichent le souhait de sortir du cercle vicieux des manifestations ponctuées de violences des samedis précédents. Une assemblée citoyenne est prévue dimanche pour "structurer le mouvement" dans une salle prêtée par la municipalité.

À Marseille, les gilets jaunes ont prévu en prélude au défilé sur le Vieux port, l'érection d'un "mur de la honte" en souvenir des 14 personnes mortes (11 en France, 3 en Belgique) en marge des manifestations depuis le début du mouvement le 17 novembre. 

  • À Bordeaux, les manifestants sont appelés samedi à se rassembler comme d'habitude en début d'après-midi, tout comme à Nantes, Rouen, Caen, Lille ou Amiens.
Jeanne Bulant