Jérôme Rodrigues a "la certitude d'avoir été atteint par un tir de LBD"

Depuis samedi, les versions s'opposent. Jérôme Rodrigues, figure des gilets jaunes, blessé à l'œil droit par des policiers durant la onzième journée de mobilisation des manifestants à Paris, affirme avoir été victime d'un "tir délibéré de lanceur de balles de défense" (LBD). Les forces de l'ordre nient et assurent qu'il a été atteint par les éclats d'une grenade de désencerclement. Ce lundi, Laurent Nunez, secrétaire d'état auprès du ministre de l'Intérieur, a assuré qu'il ne disposait "pas d'élément" confirmant un tir de LBD. Depuis l'hôpital Cochin, où il est hospitalisé, Jérôme Rodrigues a répondu aux questions de notre journaliste, Olivier Truchot, ce lundi soir, et a vivement réagi aux propos du membre du gouvernement.
L'analyse du scanner
"J’invite monsieur Nunez à prendre rendez-vous chez un ophtalmologue parce que je pense qu’il a un problème de vision lui aussi. Je l’invite à regarder les différentes vidéos qui peuvent tourner. Lui ne le pense pas, mais moi j’ai la certitude d’avoir été atteint par un tir de LBD", a-t-il lancé.
Après avoir vu un médecin à deux reprises ce lundi, dont une fois en présence de son avocat, le blessé a donné des informations sur son état de santé: "Le médecin ne peut pas dire si je reverrai un jour de cet œil. J’ai été recousu jusqu’à l’arrière de l’œil. J’ai l’œil imbibé de sang et le sang doit se résorber." Il a ensuite déclaré: "Au scanner, il n’y a aucune trace de morceau de grenade ou autre corps étranger dans mon œil. On reste vraiment sur un impact et non pas des éclats de grenade. Le médecin l’a constaté."
Un appel à la police
Il a ensuite dirigé ses coups vers le gouvernement: "Le gouvernement cherche à se dédouaner. Normal, il reste dans son rôle d’aveugle, si je peux me permettre le jeu de mots. Sauf qu’aujourd’hui, le borgne, c’est moi. Au gouvernement de prendre ses responsabilités."
Il a également lancé un appel à destination des policiers, semblant souhaiter que le fossé entre manifestants et forces de l'ordre soit comblé:
"Je me demande pourquoi monsieur Macron n’a pas daigné dire un mot à ses forces de police alors qu’on révèle aujourd’hui qu’il y a un suicide de policier tous les deux jours depuis le début de l’année. C’est un manque de respect du gouvernement pour sa police, c’est pour ça qu’aujourd’hui je lance un appel à la police: pourquoi nous opposer? Car vous n’êtes pas mieux considérés en tant que policiers que le président ne considère son peuple."