Le directeur de campagne de la liste de gilets jaunes aux européennes "doute" suspend ses activités

La liste composée par certains gilets jaunes pour les européennes de mai prochain est un attelage instable, et certaines des personnes censées l'intégrer ont décidé de prendre le large. Ce lundi, celui qui devait en être le directeur de campagne, secondant la cheffe de file Ingrid Levavasseur dans sa tâche, Hayk Shahinyan, a ainsi publié un statut Facebook où il explique suspendre momentanément ses activités politiques.
Le doute "à une dose raisonnable"
Alors que la constitution de la liste est vertement critiquée par de nombreux gilets jaunes, et que Hayk Shahinyan est personnellement contesté en raison de son appartenance passée au Mouvement des jeunes socialistes, il écrit notamment: "J'ai pris la décision de me retirer de toutes mes activités, revenir à Lyon, et prendre une semaine pour analyser, réfléchir, préparer des propositions, et prendre du recul."
Le rhodanien pose plus haut: "J'ai toujours pensé que douter, à une dose raisonnable, est un signe de sagesse et d'intelligence, se poser des questions, se remettre en question, corriger ce qui doit être corrigé." Il en dit aussi davantage sur les facteurs qui ont entraîné son incertitude et motivé ce pas de côté:
"La précipitation avec laquelle je me suis laissé emporter dans une configuration différente de ce que je prônais depuis des semaines, suivie de la blessure grave de Jérôme que je connais et pour qui j'ai beaucoup de respect et l'accumulation des blessés graves, l'approche de la grève générale illimité dont l'appel fut lancé, la certitude que quelque chose de structuré doit pourtant naître de tout cela, sous une forme ou sous une autre, l'approche d'une échéance électorale qui peut constituer une opportunité si elle est préparé de manière intelligente, la sortie prochaine de la période hivernale qui pourrait voir la mobilisation s'intensifier d'avantage, la fin du grand débat et les déception évidentes qui vont suivre et pourrait renforcer la mobilisation, et bien d'autres paramètres encore créent le doute (sic)."
Pour autant, il assure ne pas renoncer à son combat auprès des gilets jaunes. "J'ai toujours été et je serai toujours un homme libre, que cela plaise ou non. Je ne lâcherai pas le combat. Jamais", promet-il pour finir.
Marc Doyer renonce
Et il n'est pas le seul à prendre du champ. Ce lundi, Marc Doyer, qui occupait jusqu'ici la huitième position sur une liste qui comptait jusqu'ici dix noms, a confirmé à notre antenne qu'il renonçait. "Je suis tout sauf un opportuniste qui aurait profité du mouvement des gilets jaunes pour sauter d’En marche pour rejoindre les gilets jaunes. Ma famille, mes amis me conseillaient de continuer malgré les insultes. (…) Ce qui m’a décidé, c’était que j’étais la cible idéale pour faire croire que cette liste était organisée par En Marche. Je n’ai pas voulu que ça continue et j’ai décidé de reprendre ma liberté de parole, de ne pas passer pour quelqu’un qui serait un traître, un infiltré", indique-t-il à notre chaîne.
Il a expliqué au JDD les dessous de son retrait. "A partir du moment où je suis la cible de toutes les attaques depuis, je me retire. Je ne veux pas nuire au reste de la liste", dit-il, affirmant avoir fait l'objet de menaces de mort. "Je ne cède pas aux menaces, mais mon engagement est perçu comme une ambiguïté. Je critique suffisamment les politiciens actuels pour ne pas écouter les citoyens, je n'ai pas envie de faire la même chose", poursuit-il.
Ses détracteurs lui ont reproché d'avoir été membre de La République en marche, et ce jusqu'en décembre dernier, et d'avoir même ambitionné d'en être le candidat dans l'Oise durant les législatives. Il y a quelques semaines, ce directeur de commercial posait même sur Twitter avec un gilet jaune, par-dessus un t-shirt "Emmanuel Macron président".