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Rythmes scolaires : le point sur une réforme devenue confuse

Les enfants sont plus stressés quand la semaine d'école est condensée sur quatre jours, selon les experts.

Les enfants sont plus stressés quand la semaine d'école est condensée sur quatre jours, selon les experts. - -

La colère des enseignants et la réforme des rythmes scolaires sont devenus illisibles tant le débat traîne en longueur. BFMTV.com fait le point sur la situation.

Quatre jours et demi de cours à l'école primaire. Cela aurait pu être une réforme accueillie avec soulagement, tant parents d'élèves, instituteurs et experts sont unanimes : la semaine de quatre jours, instituée en 2008 sous Nicolas Sarkozy, est trop lourde.

"C'était un changement inadapté et injustifié. Avant 2008, avec quatre jours et demi par semaine, on faisait le même programme qu'aujourd'hui, avec quatre jours. Du coup, il faut aller plus vite pour boucler le programme, les instituteurs sont plus stressés, et les enfants aussi", estime François Testu, chronopsychologue et spécialiste des rythmes scolaires.

Pourtant, la partie de plaisir annoncée pour Vincent Peillon, ministre de l'Education, s'est muée en un cauchemar sans fin. La réforme, qui devait être terminée pour le mois de novembre, n'est toujours pas passée. Et les blocages sociaux se cristallisent : mercredi, plus de 2.500 instituteurs ont défilé dans les rues de Paris.

Résultat ? Le message est devenu illisible, aussi bien du côté de la réforme, maniée et remaniée, que du côté de ses détracteurs, soupçonnés par certains d'y mettre de la mauvaise volonté.

QUAND ?

La réforme est censée rentrer en vigueur dès la rentrée prochaine. Mais devant le tollé que ce calendrier a provoqué, le ministre Vincent Peillon a décidé de laisser un an de plus aux communes qui souhaitent prendre le temps de s'organiser. La liste ne sera connue qu'au 31 mars, mais le ministère espère qu'au moins "50% des écoliers passeront à la semaine des quatre jours et demi" en 2013. Rien n'est moins sûr...

COMMENT ?

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En primaire, les enfants seront à l'école de 8h30 à 16h30 le lundi, mardi, jeudi et vendredi, ainsi que le mercredi matin, de 8h30 à 11h30 (voir exemple en image ci-contre). "Les communes pourront demander une dérogation afin que les élèves aient cours le samedi au lieu du mercredi. Mais ce sera très rare, et il faudra un véritable projet pour motiver cette demande", explique-t-on au ministère.

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Avec une demi-journée en plus, les écoliers auront moins d'heures de cours au quotidien, même si les horaires d'entrée (8h30) et de sortie (16h30) restent inchangés. Il faudra donc les occuper quotidiennement durant 30 à 45 mn, laissées libres. Là aussi, le projet est flou. Activités périscolaires, soutien aux devoirs, ateliers créatifs ? (voir exemple en image ci-contre) A chaque école de s'organiser…au grand dam des enseignants, qui craignent de manquer de moyens et de personnel qualifié pour organiser ce temps.

POURQUOI ?

"Les Français sont les rois de l'école intensive", confirme le chronopsychologue François Testu. Les écoliers français ne vont à l'école que 144 jours par an, contre 208 jours en Allemagne, 200 jours en Italie, ou encore 190 jours en Grande-Bretagne.

Pourtant, ils sont ceux qui ont le plus d'heures de cours par jour. "Cela ne sert à rien de déverser dans un entonnoir des informations, l'enfant ne mémorise pas et ne peut pas se concentrer. C'est pour ça que nous préconisons l'étalement des cours sur la semaine, et la mise en place d'activités autre que les cours, même si c'est minime, et fait avec peu de moyens", affirme le spécialiste.

QU'EST-CE QUI COINCE ?

Sur le papier, les instituteurs sont d'accord pour dire que la "semaine Darcos" de quatre jours instituée par l'ancien ministre Xavier Darcos est une mauvaise chose. Pour autant, la "semaine Peillon" ne les satisfait pas. "La réforme n'offre aucune garantie d'un périscolaire gratuit et de qualité. Une grande zone d'ombre demeure sur ce que les élèves feront après 15h30. Qui peut contraindre une commune à organiser des activités artistiques ou sportives si elle n'en a pas les moyens ?", explique Sébastien Sihr, le secrétaire général du syndicat principal SNUipp au site Vousnousils.

Autre revendication portée par les détracteurs de la réforme, celle-ci ne serait que l'arbre qui cache la forêt, puisque d'autres "points noirs" subsistent selon eux : des programmes scolaires trop lourds, des salaires bas, des classes surchargées d'élèves…

Alexandra Gonzalez