Des taux inquiétants d'appels non-décrochés au Samu

Au centre d'appels du Samu à Paris. (photo d'illustration) - Patrick Kovarik - AFP
Des chiffres alarmants. Huit mois après la mort de Naomi Musenga, une jeune femme de Strasbourg décédée après que son appel au Samu n'a pas été pris au sérieux, un classement établi par l'hebdomadaire Le Point qui a étudié la base de données de la statistique annuelle des établissements de santé (SAE) révèle des taux inquiétants d'appels non-décrochés au Samu.
Un appel sur six n'aboutit pas
Ainsi, 4,6 millions d'appels passés en 2016 au centre de réception et de régulation du Samu par des patients n'ont pas obtenu de réponse, sur un total de 29,2 millions d'appels passés aux 101 centres du territoire français cette année-là. Autrement dit, près d'un appel sur six n'aboutit pas.
Dans le détail, les chiffres révèlent que les départements d'outre-mer sont particulièrement concernés, avec 57,30% d'appels non-décrochés à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, et 37,39% à Fort-de-France, en Martinique.
Paris est également très concernée puisque le taux d'appels au Samu qui n'ont pas eu de suite y atteint 50,20%. A Perpignan, ce taux atteint 42,55%.
A Paris, seul un appel sur deux est pris en charge
Quant aux appels pris dans la minute, ce qui devrait être la norme, seuls deux centres d'appels du Samu y parviennent en France. Il s'agit des centres d'Orléans et de Verdun, ce qui en fait deux bons élèves de ce classement.
A l'inverse, à Paris, seuls 36,14% des appels sont pris en charge dans la minute et un appel sur deux seulement aboutit à une discussion avec un conseiller. Selon Le Point, cela représente 253.000 patients restés sans réponse pour l'année 2016 et fait de Paris l'un des pires centres d'appels du Samu de France.

Le président du Samu conteste les chiffres
Invité à réagir sur RTL ce jeudi matin, François Braun, le président de Samu-Urgences de France, a contesté le chiffre de 4,6 millions d'appels non pris avancé par Le Point. "Je crois que le Samu n'est pas exemplaire dans son fonctionnement, mais ce qu'il faut dire c'est que ce ne sont pas 4,6 millions de patients qui n'ont pas réussi à joindre le Samu", a-t-il fait valoir.
"Ce chiffre représente la différence entre tous les appels qui sont présentés dans nos standards téléphoniques et tous les appels qui sont décrochés par des opérateurs du Samu. Dans cette masse d'appel, il y a certainement des personnes qui n'arrivent pas à joindre le Samu mais il y a aussi tous les appels de poches, toutes les erreurs, toutes les fausses numérotations", a détaillé François Braun.
"Il n'y a pas, et nous en sommes absolument certains, 4,6 millions de patients qui n'arrivent pas à joindre le Samu, imaginez un instant que ce soit vrai, ce serait un scandale sanitaire qui n'aurait pas attendu des années pour sortir", a-t-il martelé.