Attaques au Stade de France: "Je me suis dit, il est bizarre ce mec", raconte un rescapé

Blessé à l’épaule droite et sourd de l’oreille gauche, Bley Mokono a néanmoins survécu à l’un des attentats kamikazes perpétrés vendredi soir aux abords du Stade de France pendant le match France-Allemagne. Ce quadragénaire s’était arrêté, en compagnie de son fils de 13 ans et d’un ami, prendre un sandwich au stand de l’une des brasseries, située en face de la porte D du stade. Tous les trois sont sains et saufs. Bley Mokono raconte ce cauchemar, au cours duquel il a vu le kamikaze se faire exploser.
Après avoir passé commande, Bley décide se rendre aux toilettes en laissant son ami Rachid et son fils Ryan patienter dans le restaurant. A ce moment-là, l’homme fait une rencontre surprenante.
"Je tombe sur un individu barbu, visage creusé et transpirant. On voyait qu’il angoissait. Les mains étaient posées sur le lavabo, il fixait le miroir. Je me suis dit, il est bizarre ce mec", raconte le témoin.
Un peu troublé, Bley Mokono décide de garder ça pour lui et rejoint ses proches. Mais le quadragénaire continue de garder un œil sur l’homme, visiblement anxieux. "Il se distinguait par son attitude, par ses regards. Je me suis dit: soit c’est quelqu’un qui fait un repérage pour un braquage, soit c’est une personne qui voulait en découdre pour un règlement de compte", se rappelle Bley.
"Je viens des métiers de la sécurité. J’ai toujours été dans la famille l’enfant qui était regardant. Je suis observateur de tout", se justifie-t-il.
"Il fuyait toujours mon regard"
Mais quelques minutes plus tard, les deux individus se recroisent dans la brasserie. "On se touche l’épaule", remarque Bley. "Quelqu’un de lambda normalement structuré s’excuserait, réagirait. Mais lui ne s’est pas retourné. J’étais surpris. Il fuyait toujours mon regard."
Les sandwiches prêts, les trois supporters décident de prendre la direction du stade pour assister (avec un peu de retard) à la rencontre. "Mais au moment où j’ai eu le sandwich en main, il y a eu l’explosion" à quelques mètres. "Je ne sais pas par quel biais on a pu s’en sortir mais on est des miraculés dans cette affaire", admet Bley Mokono.
"Je dors très mal"
Malgré des séquelles à l’épaule et à l’oreille, l’homme tient à rendre un hommage aux policiers du Stade de France pour "leur boulot remarquable". Trois jours plus tard, l’homme "revoit encore les images". "Je dors très mal. J’essaye de dire à mon fils que je dors bien mais c’est très difficile", reconnaît Bley.
Au total, trois kamikazes ont actionné leur ceinture d’explosifs entre 21h15 et 21h53 vendredi aux abords du Stade de France. Par miracle, une seule victime est à déplorer au cours de ces trois explosions. Le bilan aurait pu être bien plus lourd.