Accident de car à Millas: nouveau bilan à six morts

Un panneau de signalisation, quelques mètres avant le passage à niveau de Millas, dans les Pyrénées-Orientales, le 16 décembre 2017. - Raymond Roig - AFP
Les barrières du passage à niveau n°25 de Millas étaient-elles levées ou fermées au moment de la collision entre un TER et un car scolaire? Ou seulement l’une d’entre elles? Le dispositif d’alerte et la signalétique du passage ferroviaire restent au cœur de l'enquête sur le drame survenu jeudi dernier dans les Pyrénées-Orientales, qui a coûté la vie à six enfants, dont le dernier vers 20h ce lundi.
Cette catastrophe a fait également dix-sept blessés dont la conductrice du car. Pour cinq collégiens, le pronostic vital est toujours engagé.
Trois enquêtes ont été ouvertes. L'une, judiciaire, est sous l'autorité du procureur. Une autre, administrative, est menée par le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) du ministère des Transports. La troisième est interne à la SNCF.
Citée par le procureur de la République à Marseille, la conductrice du car scolaire a assuré aux enquêteurs que "les barrières étaient levées". Un témoignage corroboré par les déclarations d’une collégienne, placée derrière la conductrice dans le bus.
"Elle m’a bien confirmé, elle me l’a confirmé encore aujourd’hui, que la barrière était ouverte. La conductrice du car est passée. Etant donné que c’était ouvert, elle s’est engagée", a rapporté sur BFMTV la grand-mère de cette élève du collège Christian-Bourquin.
Un témoin de la scène interrogé sur notre antenne affirme lui aussi que la barrière qui intéresse les enquêteurs était ouverte, sans signal sonore ni visuel pour interdire le passage du véhicule, et que l’autre barrière était fermée.
Plusieurs éléments prélevés sur la scène de la collision
Vendredi, Christian Faur, gérant de l’entreprise propriétaire du car scolaire, a assuré que sa salariée avait "traversé en confiance et sécurité le passage à niveau barrière relevée et feux éteints", critiquant au passage les déclarations de la SNCF.
Jeudi soir, la société ferroviaire avait en effet indiqué que "selon des témoins, le passage à niveau a(vait) fonctionné normalement", tout en attendant que "cela soit confirmé par l'enquête". Le conducteur du train a également affirmé que les barrières étaient fermées.
Le procureur de la République à Marseille a noté vendredi que "les témoignages (n’étaient) pas tous concordants mais très majoritairement en faveur de barrières fermées".
"Il faut relever que les éléments matériels qui ont pu être recueillis sur place et notamment le bloc d'articulation de la barrière mettent celle-ci en position fermée", a-t-il de plus expliqué. Toutefois, le bloc a été récupéré pour être analysé avant de confirmer une quelconque version.
D'importants moyens techniques
Dans un premier temps, certains ont avancé une photographie censée prouver que la barrière était ouverte au moment de l’accident. Néanmoins, l’image a été prise après la collision et la SNCF affirme que la réouverture d’une barrière après le passage d’un train est automatique.
L’enquête se poursuit donc pour déterminer les circonstances exactes de la collision. Un drone va notamment être dépêché sur place, avec un pilote, pour prendre des photos en hauteur.
Un autocar va aussi simuler le chemin emprunté par la conductrice, avec des caméras à l’intérieur pour reconstituer son champ de vision au moment et à l'endroit de l'accident.
De plus, les enquêteurs vont utiliser un laser afin de modéliser la scène en trois dimensions et "figer" les éléments encore sur place, afin de pouvoir faire des simulations par la suite.