TOUT COMPRENDRE - Faut-il s'inquiéter du nouveau variant du Covid-19 détecté en Afrique du Sud?

Une femme se fait vacciner à Pretoria en Afrique du Sud. 1er novembre 2021 - Phill Magakoe - AFP
Les annonces d'interdiction d'entrée depuis des pays d'Afrique australe se multiplient dans les pays européens. Le B.1.1.529, nouveau variant au Covid-19 détecté pour la première fois en Afrique du Sud, suscite de nombreuses questions en Europe comme ailleurs. Loin d'être le premier variant détecté depuis le début de la pandémie, celui-ci est cependant présenté comme potentiellement très contagieux et aux mutations multiples. Faut-il s'inquiéter ?
• Où le variant a-t-il fait son apparition?
Le variant B.1.1.529 a été détecté pour la première fois au Botswana le 11 novembre, et non en Afrique du Sud, même si le pays compte actuellement plus de cas détectés (22 en Afrique du Sud contre 4 au Botswana).
Les scientifiques l'ont présenté comme un variant au nombre de mutations "extrêmement élevé" et avec un "potentiel de propagation très rapide". Nommé provisoirement B.1.1.529, le variant a été rebaptisé Omicron par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) vendredi, et classé "préoccupant".
• Dans quels pays a-t-il été détecté?
La liste des pays où le variant a été repéré par des scientifiques s'allonge d'un jour à l'autre. Après le Botswana, il a été identifié chez son voisin l'Afrique du Sud, puis à Hong Kong et en Israël.
Ce vendredi, le varaint Omicron a fait son apparition en Europe puisque la Belgique a détecté à son tour un cas du nouveau variant au Covid-19. Les autorités ont indiqué que la personne revenait de l'étranger et n'était pas vaccinée. Au total, une trentaine de cas ont été recensés dans le monde.
• Quelles mesures ont été prises pour le freiner?
Depuis l'annonce de la détection du variant, plusieurs pays européens ont d'abord décidé de suspendre leurs vols en provenance d'Afrique australe, notamment la France et le Royaume-Uni qui ont dans un premier temps interdit aux voyageurs au départ d'Afrique du Sud et de six pays voisins d'atterrir sur leur sol.
Puis vendredi en fin d'après-midi, les 27 pays de l'Union européenne se sont mis d'accord pour suspendre tous les vols en provenance d'Afrique australe. Un peu plus tôt, a présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen avait annoncé dans un tweet qu'elle envisageait cette procédure d'urgence.
L'Asie commence elle aussi à prendre des mesures. Singapour a annoncé l'interdiction de toute entrée ou transit de voyageurs en provenance d'Afrique du Sud et de ses voisins à partir de dimanche prochain. Les ressortissants singapouriens ou résidents permanents seront en revanche autorisés à entrer, mais devront se soumettre à une quarantaine de dix jours. Les Philippines suspendent également dès ce vendredi les vols en provenance des pays où le variant a été détecté.
Le Maroc a de son côté suspendu tous les vols réguliers entre la France et le pays d'Extrême-Orient à partir de dimanche à minuit en raison de la recrudescence épidémique dans l'Hexagone.
• Pourquoi ses mutations inquiètent-elles?
Le vaccin présente une caractéristique particulière : ses multiples mutations par rapport à la souche originelle. Il en compte 32 contre seulement 9 pour le variant Delta, aujourd'hui majoritaire en France. Ces nombreuses mutations laissent supposer que le nouveau variant serait très contagieux et "pourrait être à l'origine de la flambée épidémique que connaît l'Afrique du Sud en ce moment", a expliqué François Pitrel, journaliste santé pour BFMTV, sur notre plateau ce vendredi.
"Il serait plus transmissible que le variant Delta qui est actuellement largement majoritaire en France et qui lui-même était déjà très transmissible", a développé François Pitrel. Repéré il y a deux semaines, il occuperait déjà 75% des souches séquencées en Afrique du Sud, dépassant donc le variant Delta.
• Le vaccin sera-t-il toujours efficace face à ce nouveau variant?
Autre source d'inquiétude, les nombreuses mutations du nouveau variant et leur présence "sur la protéine spike, la clé qui permet au virus de rentrer dans nos cellules", selon notre journaliste santé. Et la conséquence serait lourde: "le variant pourrait échapper au vaccin", explique-t-il, précisant qu'il ne s'agit pour l'instant que d'une "hypothèse".
"Si on se base sur la génétique, en effet c'est quelque chose de très particulier qui peut être inquiétant", s'est alarmé auprès de l'AFP Vincent Enouf, du Centre national de référence des virus respiratoires de l'Institut Pasteur à Paris.
Le variant devrait rejoindre ce vendredi la liste des variants d'intérêt ou de préoccupation tenue par l'OMS.
• Qu'est-ce qu'on ignore encore?
Si le taux de contagiosité du variant semble élévé, son taux d'agressivité vis-à-vis de l'être humain reste pour le moment incertain. Car un taux de transmission plus élevé ne veut pas dire que le variant est plus léthal, même si l'augmentation du nombre de personnes touchées augmente le nombre de décès potentiels. On ignore donc encore s'il pourrait à terme détrôner le variant Delta, majoritaire en France et dans une grande partir du monde.
La capacité de transmission du virus et sa virulence restent également mal connues. Il faudra "plusieurs semaines" pour mieux comprendre le nouveau variant et savoir s'il est plus transmissible, plus dangereux et plus résistant aux vaccins, a souligné l'OMS ce vendredi.
Pour ces raisons, l'organisation sanitaire a déclaré son opposition aux mesures de restrictions de voyages pourtant déjà mises en place en France et dans d'autres pays, déclarant qu'il était trop tôt.