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Pas de restrictions contre le Covid-19 à l'école pour la rentrée: ce qu'en pensent les scientifiques

(photo d'illustration)

(photo d'illustration) - JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN © 2019 AFP

Selon les spécialistes, il s'agit d'une décision politique prise dans un contexte de lassitude au sein de la population et face à une circulation du virus modérée. Toutefois, ils mettent en garde contre un potentiel rebond épidémique à l'automne.

À une semaine de la rentrée scolaire, la septième vague épidémique de Covid-19 prend fin en France. Le ministère de l'Éducation nationale et les syndicats ont décidé que le protocole sanitaire dans les écoles serait au niveau "socle" à la rentrée, c'est-à-dire sans mesures de restrictions sanitaires.

Pourtant, le ministre de la Santé François Braun a indiqué dans le même temps qu'il y aura très probablement "une huitième vague" de Covid-19 à l'automne, précisant ne pas encore savoir "son ampleur". Une situation qui peut paraître paradoxale.

Un risque de rebond épidémique

Les spécialistes partagent ce constat d'un risque de rebond épidémique dans quelques semaines. "Si l'automne est froid et pluvieux et donc que l'on se retrouve plus enfermés, il y aura une augmentation des cas", confie à BFMTV.com Michèle Legeas, professeure à l'École des Hautes Études en Santé Publique.

"J’imagine qu’il y aura un autre pic de cas, d'hospitalisations et décès après la rentrée mais comme ça ne fait plus la une, le gouvernement va faire l’autruche…", fustige de son côté Fabienne El-Khoury, docteure en santé publique.

Le risque d'une nouvelle vague dépend surtout de l'émergence potentielle d'un nouveau variant. "Toutefois, dès qu'on rassemble des gens il y a des risques, notamment dans des endroits clos et avec ce virus contagieux. Donc la rentrée constitue un risque, mais pas forcément plus que les vacances d'été", explique à BFMTV.com l'épidémiologiste Catherine Hill.

"Le protocole peut se comprendre politiquement"

Comment expliquer la décision du ministère de l'Éducation nationale pour cette rentrée? "Au vu de la circulation actuelle et de la gravité épidémique chez les enfants, ça ne me paraît pas inapproprié", abonde Michèle Legeas, qui regrette néanmoins que le protocole sanitaire dans les écoles ne fasse pas mention des enfants fragiles, plus vulnérables face au virus.

"En termes de bénéfices-risques pour la société, le protocole peut se comprendre politiquement", poursuit-elle.

Après deux rentrées scolaires sous le signe de la pandémie, l'hypervigilance semble avoir laissé place à la lassitude chez une grande partie des Français.

"Tout le monde, y compris les autorités, s'en fiche", affirme Catherine Hill.

"Je pense que le gouvernement a fait un choix politique de regarder ailleurs (...). C'est compliqué de demander aux gens des mesures contraignantes en ce moment, surtout comme le risque est très diminué chez les personnes vaccinées", abonde dans le même sens Fabienne El-Khoury estimant néanmoins que le protocole n'est "pas en adéquation avec la situation épidémique".

Passer un message politique "éducatif"

Cette dernière regrette notamment l'absence de "l'effort massif de purification de l'air" pour la rentrée. "De plus, il faut continuer à insister sur les gestes protecteurs comme se laver les mains et éternuer ou tousser dans le pli de son coude qui limiteront le Covid-19 mais aussi d'autres épidémies", explique Fabienne El-Khoury.

Un avis partagé par Michèle Legeas qui estime qu'il faut profiter de cette accalmie épidémique pour passer un message politique "éducatif" expliquant l'importance des gestes barrières et également que l'on peut être amené à remettre des mesures à un moment donné afin "d'éviter de se heurter à une opposition de la population".

Être réactifs comme avec "le lait sur le feu"

Selon elle, l'enjeu est surtout de pouvoir augmenter le niveau de mesures restrictives si la situation épidémique le nécessite. "Il faut avoir une capacité de réactivité pour ajuster très très vite dès qu'un certain nombre d'indicateurs montent et ont un impact global sur la population", détaille la professeure en santé publique.

"C'est comme le lait sur le feu: il ne faut pas lâcher le regard", complète-t-elle.

Selon Catherine Hill, au vu de la situation épidémique actuelle, l'objectif reste de continuer à vacciner les personnes non-vaccinées, notamment chez les plus âgées puis de vacciner contre Omicron avec les prochains vaccins plus ciblés. "On n'est pas sortis de l'auberge: le virus continue d'envoyer des gens à l'hôpital (...). La situation n'est pas très bonne mais pas très mauvaise", conclut l'épidémiologiste.

Salomé Robles