La transmission du Covid-19 dans les cantines scolaires inquiète les professionnels de santé

A la cantine. (photo d'illustration) - GEORGES GOBET © 2019 AFP
Il s'agit de l'un des derniers lieux de restauration ouverts en France. Alors que les chiffres de la contamination au Covid-19 repartent à la hausse quelques jours après les fêtes de fin d'année et l'apparition des variants britannique et sud-africain dans le pays, de nombreuses questions se posent autour des cantines scolaires.
Tandis que de nouvelles mesures de restriction pourraient être annoncées par le gouvernement cette semaine, et que des reconfinements par région ou un couvre-feu national à 18h font partie des options sur la table, l'idée de fermer les cantines scolaires fait également son chemin depuis que le taux de positivité augmente rapidement chez les plus jeunes.
Selon les chiffres de Santé Publique France, si la positivité sur l'ensemble de la population équivaut à 6,4% des tests effectués, elle bondit jusqu'à 8,5 et 10% pour les 10-19 ans et les 0-9 ans sur la semaine allant du 1er au 7 janvier. En décembre pour ces deux tranches d'âge, ce taux était égal à 2,6%.
Les cantines, "hauts lieux de transmission"
Pour de nombreux professionnels de santé, la fermeture des cantines scolaires serait une bonne chose. Sur BFMTV lundi soir, Dominique Costagliola, épidémiologiste et directrice de recherche à l’INSERM, a souligné qu'"à l'évidence, la cantine est un moment de contamination. Même si les enfants sont moins contagieux, mais si on reste des heures auprès d'eux, à la fin on va avoir plus de cas".
Sur BFMTV, Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur l’Institut de santé global de l’Université de Genève, n'a pas caché son inquiétude quant à la situation dans les cantines scolaires.
"Les cantines sont des hauts lieux de transmission et c’est là qu’il faut faire des efforts. Dans le canton de Genève, on a montré que les enfants de 6 à 12 ans et plus sont tout autant atteints que les adultes. On ne peut plus aller dans les bars et restaurants, on réduit les probabilités de transmission chez les adultes, mais cela reste chez les jeunes qui vont contaminer les classes d’âges plus âgées. Clairement, l’un des grands bassins de transmission reste les écoles, collèges et lycées", détaille ce dernier.
Dans les colonnes du Parisien, c'est cette fois le pédiatre et infectiologue qui prend position. Pour lui, afin de bloquer le courbe de la positivité des tests chez les plus jeunes, il s'agit d'anticiper. "Si les parents ont la possibilité de les faire manger à la maison, pourquoi pas, cela permettra d'espacer davantage les élèves à la cantine", suppose-t-il. Pour lui, si la décision d'une fermeture n'est pas prise, alors d'autres options sont envisageables: éviter le mélange des classes et évidemment respecter les distanciations sociales.
La stratégie du gouvernement pose question
Cependant, si l'exécutif venait à prendre la décision de la fermeture des cantines - la fermeture totale des établissements scolaires reste pour l'heure écartée - une autre question viendrait à se poser: est-il déjà trop tard pour agir? Jeudi soir sur BFMTV, Dominique Costagliola a tancé le gouvernement et les mesures prises en milieu scolaire.
"En disant qu’il ne se passe rien, on n’a pas à réfléchir à quoi que ce soit. Les autres pays ont l’air de penser qu’il s’y passe quelque chose", a-t-elle fait remarquer.
Dans les colonnes de L'Express, l'épidémiologiste va encore plus loin, estimant que le ministre de la Santé Jean-Michel Blanquer n'a "pas fait une seule déclaration sensée sur le plan scientifique". "Mais même si on admet que les enfants transmettent moins, cela ne signifie nullement qu'ils ne transmettent pas du tout le Covid-19!", ajoute-t-elle.
"Et à midi, à la cantine, ils mangent sans masques et se parlent. Puis le soir, ils repartent chez eux. Mais on nous assure que les enfants ne sont pas des vecteurs de transmission!", s'agace encore Dominique Costagliola.
Pour l'heure, plusieurs mesures sont imposées dans les établissements scolaires à l'heure du déjeuner. En plus du port du masque obligatoire dans le réfectoire, des solutions hydroalcooliques sont disponibles et une aération de la salle est effectuée fréquemment. De plus, les tables sont installées à un mètre d'espace et les places assises disposées en quinconce.