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"Je me croyais invincible": épargnés depuis deux ans, ils ont été rattrapés par le Covid-19

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Depuis deux ans et le début de la pandémie, Carole, Claire, Alex et Élodie étaient passés entre les gouttes du Covid. Mais la cinquième vague les a rattrapés.

"Je me croyais invincible." Carole, une professeure de danse de 44 ans, a accouché le 31 décembre dernier. Et a découvert à la maternité, alors que le travail avait déjà commencé et qu'elle s'apprêtait à donner naissance à un petit garçon, qu'elle était pour la première fois positive au Covid.

"D'un coup, je les ai vus débarquer en scaphandre", raconte-t-elle à BFMTV.com. Ils m'ont annoncé que j'avais le Covid (un test avait été fait à son arrivée à la maternité, NDLR)."

"Je leur ai demandé de vérifier et de refaire le test", se souvient Carole. "Je n'avais aucun symptôme, il devait forcément y avoir une erreur, les résultats avaient dû être inversés avec une autre patiente. Mais ils m'ont dit que non, qu'il n'y avait pas d'erreur et que j'étais bien positive."

Isolée dans un service réservé aux patientes Covid, Carole accueille son troisième enfant dans une ambiance confinée. "J'étais passée à côté, j'y avais échappé pendant deux ans, je me disais que le Covid, ce n'était pas pour moi." Mais ces derniers jours, Carole - qui a refusé de se faire vacciner durant sa grossesse - a découvert qu'elle avait de nouveau contracté la maladie. Cette fois-ci, avec des symptômes.

"J'ai un peu les boules"

Elle n'est pas seule: depuis plusieurs jours, le Covid repart à la hausse: Santé publique France enregistrait ainsi mercredi quelque 145.560 nouveaux cas positifs. La cinquième vague, débutée en novembre 2021, ne s'est jamais vraiment terminée, comme en témoigne Claire, 37 ans, qui a attrapé le Covid pour la première fois à cette occasion. Cette infirmière coordinatrice dans une structure d'accueil pour public polyhandicapé a eu "un peu les boules".

"Depuis deux ans, j'ai toujours essayé de faire le plus attention possible, d'être rigoureuse dans les gestes barrières", note-t-elle pour BFMTV.com. "Mais par mon métier, je suis exposée."

Pourtant triplement vaccinée - et parmi l'une des premières du fait de son métier et de comorbidités - elle a eu très peur quand son test s'est révélé positif début février, une semaine après avoir été cas contact d'une collègue. "Je me suis mise à trembler et à pleurer", se souvient-elle pour BFMTV.com. "Il m'a fallu deux heures pour me calmer. J'ai vraiment eu peur pour ma vie, peur que la maladie dégénère, peur de laisser mes deux enfants seuls."

Pendant plusieurs jours, Claire a souffert de brouillard cérébral, de difficultés à trouver ses mots, d'une grosse fatigue et a la sensation "d'avoir la tête prise dans un casque bruyant". Si aujourd'hui elle va mieux, les migraines et la sensation d'essoufflement sont toujours là. "Même avec une forme légère de la maladie, les risques sont conséquents, notamment du côté cardio-vasculaire", met-elle en garde. Dans l'année qui suit, le risque de développer un tel trouble augmente de 55% selon une large étude américaine, rapporte ainsi Le Quotidien du médecin.

Récemment contaminée, Claire milite pour le maintien des gestes barrières - dont le port du masque, désormais facultatif en intérieur. "Ce n'est pas parce qu'on a déjà eu la maladie qu'on ne peut pas l'attraper à nouveau et surtout le transmettre aux autres", insiste-t-elle.

"Je pensais que je passerais entre les gouttes"

Contaminer l'un de ses proches, c'était la grande inquiétude d'Élodie depuis le début de la pandémie. "Ça m'aurait vraiment embêtée de le refiler à quelqu'un, que ça lui pourrisse la vie et surtout que ça le mette en danger, notamment pour une personne à risque", confie cette community manager de 35 ans à BFMTV.com.

Dimanche dernier, au lendemain d'une soirée entre amis, Élodie se sent particulièrement fatiguée. À tel point que dans la soirée, elle s'endort devant son film et file au lit à 22 heures - ce qui ne lui arrive jamais. "Je pensais que j'avais juste un peu tiré sur la corde. Et puis dans la nuit, je me suis mise à tousser. Par précaution, je suis allée faire un test à la pharmacie le lundi matin. Je n'étais même encore rentrée chez moi que je recevais un message me disant que j'étais positive."

Elle pense immédiatement aux amis qu'elle a vus samedi soir et les prévient. Par chance, aucun d'entre eux ni son compagnon avec qui elle vit ne seront contaminés.

"J'ai plusieurs fois été cas contact, et bien, genre lors du repas de famille à Noël, poursuit Élodie. Je me disais que j'allais bien l'attraper un jour ou l'autre mais j'avais fini par penser que je passerais entre les gouttes, que je ne le choperais finalement pas."

"C'est presque un soulagement"

Alex, en revanche, ne pensait pas échapper au Covid aussi longtemps. "Je vais au travail, je prends les transports en commun, j'ai une vie sociale, je fais du sport collectif en salle plusieurs fois par semaine, j'étais vraiment surpris de l'avoir évité jusque-là", avoue à BFMTV.com ce jeune homme de 35 ans qui travaille dans l'industrie pharmaceutique.

Mais il y a deux semaines, il est contaminé lors d'une soirée entre amis - comme d'autres participants d'ailleurs. Il s'en tire avec un rhume et un peu de fatigue. "Finalement, c'est presque un soulagement, continue Alex. Je ne dirai pas qu'il y a quelque chose de libératoire à l'avoir eu, mais ça fait un souci en moins, je sais que je suis tranquille pour un petit moment."

"L'ironie de l'histoire", poursuit Elodie, interrogée un peu plus haut, "c'est que j'ai été positive le jour où on avait le droit d'enlever le masque en intérieur et à quelques jours de l'anniversaire des deux ans du premier confinement". Cet allègement des restrictions sera-t-il durable? Interrogé à ce sujet ce mercredi, Emmanuel Macron a assuré qu'il prendrait "ses responsabilités" pour protéger les Français "si les choses devaient se dégrader" encore.

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV