Covid-19: l'Institut Pasteur décrit les différents scénarios des effets d'Omicron en France

Un technicien dans un laboratoire de l'Institut Pasteur, le 21 janvier 2021 à Paris - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP
L'expression est du ministre de la Santé, ce mercredi, devant les députés de la commission des Lois: Omicron se répand en France pareil à un "raz-de-marée". Les chercheurs de l'Institut Pasteur tentent donc de sortir la tête hors de l'eau afin d'y voir plus clair sur notre avenir sanitaire immédiat.
Dans leur nouveau rapport, en date de lundi et mis en ligne deux jours plus tard, ils rendent ainsi publics les enseignements à tirer de leurs travaux de modélisation. L'idée est de passer en revue - grâce à un modèle mathématique - les différents scénarios possiblement entraînés par l'apparition du nouveau variant dans le pays, en associant à ce dernier différents niveaux de sévérité, de transmissibilité et en imaginant la réplique des autorités.
Pour l'Institut Pasteur, l'épisode Omicron pourrait demeurer "gérable" s'il s'avère effectivement - comme le dépeignent diverses expériences étrangères - plus contagieux mais moins dangereux que le variant Delta, à condition de déterminer des mesures "d'intensité intermédiaire". Les scientifiques appellent notamment à une accélération de la campagne de rappel et à une réduction des contacts entre nos concitoyens.
L'hypothèse la plus probable
Mais avant de poser cette conclusion, les experts de Pasteur ont pris soin d'entourer leurs documents des précautions d'usage. "Étant donné les incertitudes importantes concernant la sévérité et l’avantage de transmission du variant Omicron par rapport au variant Delta, il n’est pas possible de quantifier précisément l’impact qu’aura la vague Omicron sur le système de santé", reconnaît même l'Institut qui précise compter sur de nouvelles et salutaires données d'ici une à deux semaines.
Cette nébuleuse n'empêche pas de lister les cas de figure. Pasteur reprend d'abord l'hypothèse la plus probable car dessinée par plusieurs études étrangères, britanniques ou sud-africaine. Dans celle-ci, la sévérité d'Omicron est inférieure de 80% à la férocité de Delta et celui-là est modérément plus contagieux que celui-ci. Dans une telle situation, on pourrait connaître des pics de 2700 hospitalisations au quotidien si on ne fait rien de plus pour juguler la circulation du virus. Un total qu'une réduction - de l'ordre respectivement de 10% et 20% - des contacts entre les Français pourrait ramener à 1900 ou 1400 admissions journalières.
En revanche, s'il apparaît que nous sous-estimons encore le gain de contagiosité d'Omicron sur Delta, ce pic culminerait à 4400 hospitalisations par jour, en l'absence de réponse idoine des autorités ou 2700 si celles-ci durcissaient l'arsenal en place.
Enfin, si Omicron se révèle à peine plus contagieux que son devancier, le pic quotidien des hospitalisations ne dépasserait pas 1700 dans le pire des cas d'après les chercheurs.
Scénario catastrophe
Ceux-ci ont alors imaginé une autre éventualité: un Omicron présentant la même gravité que la souche originelle mais une décote de 54% par rapport à Delta. Une hausse très nette de la transmissibilité d'un variant à un autre pourrait alors nous conduire à aliter 5000 personnes tous les jours en l'absence de mesure, assure le document.
Par ailleurs, une réduction des contacts entre les individus maintiendrait ce pic aux alentours de 2500 dans le cas "où l’avantage de transmission d’Omicron est intermédiaire ou bas".
Le profit sanitaire du rappel
En-dehors d'une diminution des interactions entre nos compatriotes, l'Institut Pasteur suggère un autre outil pour arrondir un peu les cimes épidémiques des prochaines semaines: un renforcement significatif de la campagne de rappel.
Si le nombre de ces inoculations passait de 800.000 à 1,2 million par jour, les spécialistes jugent une décrue des hospitalisations quotidiennes envisagées de "9 à 17%" possible. Une réduction de la hausse des hospitalisations qui pourrait même s'étaler de "17 à 35%" en convainquant "90% des adultes non vaccinés".
En tout état de cause, Pasteur s'arrête donc sur la perspective suivante: "En comparant différents scénarios, nous estimons que la vague Omicron pourrait rester gérable avec des mesures d’intensité intermédiaire si la sévérité intrinsèque d’Omicron
est environ 80% plus faible que celle du variant Delta."
Vers une "perturbation" sociale?
Pour "gérable" qu'elle puisse être, la crise s'annonce cependant pénible et les chercheurs ne le dissimulent pas. Ainsi, ils posent que "des centaines de milliers de Français pourraient être infectés quotidiennement en janvier".
Une estimation qui n'a non seulement plus rien d'un plan sur la comète mais semble déjà un peu surannée. Ce mercredi, Olivier Véran a annoncé "208.000" diagnostics positifs au cours des dernières 24h. La veille, déjà, c'était près de 180.000 Français qui avaient été contaminés selon les seuls signalements.
Le rapport tempère en notant que ces infectés seraient "dans la grande majorité des cas avec des symptômes légers" mais pointe tout de même: "l’absentéisme résultant de cette vague d’infections risque de perturber le fonctionnement de la société".
