Covid-19: faut-il se faire tester avant les fêtes de fin d'année?

Avec 13.713 nouveaux cas de contamination au coronavirus en 24 heures, la France est encore loin du seuil des 5000 cas souhaité par Emmanuel Macron pour alléger davantage les mesures de confinement à partir du 15 décembre. Alors que les fêtes de fin d'année, synonymes de regroupements familiaux, se profilent, les laboratoires et pharmacies s'attendent à voir déferler une vague de citoyens désireux de se faire tester à la dernière minute avant les vacances.
D'après un sondage Elabe pour BFMTV dont les résultats ont été dévoilés ce mercredi, 20% des Français prévoient ainsi de se faire tester avant de retrouver leurs proches. Un pourcentage qui grimpe à 30% chez les 18-34 ans et à 27% chez les habitants de la région parisienne.
Le test antigénique, pas "un passeport de non-contagiosité"
Mais si le pays a désormais la capacité de tester entre 2,5 et 3 millions de personnes par semaine, les autorités scientifiques préviennent que tous les Français ne pourront pas bénéficier d'un test PCR ou antigénique avant les fêtes. "On ne pourra pas réaliser 70 millions de tests en deux jours", affirme ainsi ce mercredi Lionel Barrand, président du Syndicat des jeunes biologistes médicaux, à notre antenne.
"Il faudra inévitablement prioriser les personnes qui sont à risque, qui ont des symptômes ou qui sont cas contact", explique-t-il, avant d'ajouter qu'il faut se faire tester "pour la bonne raison", c'est-à-dire "pour s'isoler quand le test est positif mais en aucun cas pour lever les mesures barrières quand le test est négatif".
"Car un test négatif ne vous garantit pas que vous n'êtes pas contagieux encore plus s'il s'agit d'un test antigénique, qui est moins sensible qu'un test PCR", rappelle-t-il. Lionel Barrand se montre catégorique: "le test antigénique ne doit pas être interprété comme un passeport de non-contagiosité" et "il n'est pas question d'embrasser tout le monde à Noël même en cas de résultat négatif".
Les délais des résultats allongés en cas de forte affluence
Pour François Blanchecotte, président du syndicat national des biologistes, les personnes qui sont restées confinées chez elles ces dernières semaines n'ont pas de "raison imminnente" de se soumettre à un test de dépistage.
"En revanche, si on a pris un risque en allant travailler par exemple, si on n'a pas pris assez de précautions et si on passe les fêtes avec des personnes fragiles, c'est très important de faire un test", estime-t-il.
Il confirme que si les laboratoires ont accéléré leur cadence et sont désormais en mesure de délivrer les résultats des tests PCR en 12 voire 24 heures, un afflux trop important de patients contribuerait inévitablement à rallonger les délais, comme cela fut le cas au mois de septembre.
Un dépistage massif au retour des vacances
Pour résumer, le docteur Alain Ducardonnet, consultant santé de BFMTV, conseille de s'auto-confiner 5-6 jours avant les retrouvailles familiales en réduisant au maximum le nombre de contacts, de se soumettre à un test de dépistage 3-4 jours avant son départ et de respecter en permanence les gestes barrières tout au long des vacances. Il évoque également la nécessite de se refaire tester au retour des fêtes de fin d'année.
C'est d'ailleurs ce que réclament de nombreux responsables politiques dont Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, qui a déjà lancé un appel dès lundi sur France Inter pour que les Franciliens se fassent tester "massivement" après les fêtes pour "éviter à tout prix une troisième vague".
Les députés Les Républicains ont quant à eux présenté mardi leur plan pour un déconfinement "plus sûr, plus cohérent et plus juste", qui préconise un dépistage renforcé, avec deux "sessions de tests massifs" pour contrer un pic de contagion avec la période des fêtes: la première entre le 18 et le 24 décembre, la seconde entre le 6 et le 13 janvier.
"Nous n'avons pas envie que Noël et le jour de l'An soient un Thanksgiving à la française", a déclaré à la presse le chef de file des députés LR Damien Abad, en référence à la flambée épidémique qui a suivi la grande fête familiale américaine.
Lundi, le directeur général de la Santé a lancé un "message de prudence" concernant les fêtes de fin d'année, qui "font craindre que des contaminations importantes intrafamiliales aient lieu".