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Dans quelles régions travaille-t-on le plus en France? Alors que Bruxelles veut que 78% des Européens travaillent, il n'y a que 3 régions françaises qui y sont déjà

Le taux d'emploi des 20-64 ans est inférieur à la moyenne européenne en France.

Le taux d'emploi des 20-64 ans est inférieur à la moyenne européenne en France. - ABC Portage

D'après Eurostat, 46,5% des régions de l'UE ont un taux d'emploi des 20-64 ans égal ou supérieur à 78%. La France, elle, est loin de figurer parmi les meilleurs élèves.

C'est l'un des "problèmes majeurs" de l'économie françase identifiés par Sébastien Lecornu: "Les Français, quand ils travaillent, sont productifs. Par contre, ils accèdent trop tard au travail et en sortent trop tôt", a jugé mardi le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale.

Un constat confirmé par les chiffres. Selon Eurostat, 75,1% des 20-64 ans étaient en emploi en France en 2024, soit un niveau plus faible que la moyenne européenne (75,8%) et nettement inférieur à celui de certains de nos voisins comme l'Allemagne (81,3%) ou les Pays-Bas (83,5%).

Le taux d'emploi supérieur à 78% dans trois régions françaises

Même si les différentes réformes des retraites dont celle de 2023 (désormais suspendue) ont contribué à l'augmentation du taux d'emploi des seniors ces dernières années, les performances de la France en la matière restent médiocres, certaines régions du territoire étant à la traîne.

Il suffit pour s'en rendre compte de consulter les dernières données d'Eurostat qui a récemment fait un point d'étape sur l'objectif fixé par l'UE d'atteindre 78% de taux d'emploi des 20-64 ans à horizon 2030.

En retenant le découpage territorial "NUTS 2" qui divise le continent en 243 régions (pour la France cette nomenclature correspond aux 22 anciennes régions, avant le nouveau découpage de 2016), l'institut statistique européen observe que 113 ont déjà atteint ou dépassé les 78%, soit près d'une sur deux (46,5%). Parmi elles, seules trois sont françaises: l'Aquitaine (78,7%), la région Centre (78,6%) et la Bretagne (78,2%), mais aucune ne figure dans le top 100 des régions ayant le taux d'emploi le plus élevé.

Les régions à tradition industrielle et ultrapériphériques à la traîne

Si la Franche-Comté (77,9%), les Pays de la Loire (77,7%), l'Alsace (77,4%), les Midi-Pyrénées (77,1%) ou l'Ile de France ne sont pas si loin de l'objectif, d'autres régions de métropole sont particulièrement en retard comme le Nord-Pas de Calais (69,6%), le Languedoc-Roussillon (70,3%), la Lorraine (72,9%) ou la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (72,9%).

D'une manière générale, Eurostat range les régions ayant un faible taux d'emploi en deux groupes. D'abord celles "rurales peu peuplées ou situées à la périphérie de l'UE". "Cette tendance était particulièrement marquée dans les régions méridionales de l'Espagne et de l'Italie, dans une grande partie de la Grèce, dans certaines régions de Roumanie et dans les régions ultrapériphériques de la France", explique l'institut.

L'autre groupe se compose des régions au passé industriel et "qui ne se sont pas adaptées économiquement". "Certaines d'entre elles ont subi l'impact négatif de la mondialisation sur des secteurs traditionnels de leur économie (tels que l'extraction du charbon, la sidérurgie ou la fabrication de textiles). On peut citer à titre d'exemple un groupe de régions s'étendant du nord-est de la France jusqu'à la Région wallonne (Belgique)", souligne Eurostat.  

Au final, environ une région sur quatre au sein de l'UE (65) affiche un taux d'emploi inférieur à 73,5%.

Des régions au taux d'emploi supérieur à 85%

À l'inverse, la palme du taux d'emploi le plus élevé au sein de l'UE revient à la région finlandaise d'Åland (86,4%). Un cas particulier toutefois puisqu'il s'agit d'un archipel peuplé d'un peu plus de 30.000 habitants seulement. Viennent ensuite des régions abritant le plus souvent une grande ville dynamique sur le plan économique: la région de Varsovie en Pologne (86,2%), de Bratislava en Slovaquie (85,4%), de Budapest en Hongrie (85,3%), d'Utrecht aux Pays-Bas (85,3%) ou de Prague en République Tchèque (85,1%).

Certains pays se distinguent par ailleurs par des taux d'emploi des 20-64 ans supérieurs à 78% dans la totalité ou la quasi-totalité de leurs régions. C'est notamment le cas des Pays-Bas (12 régions sur 12), de la République Tchèque (8 régions sur 8), du Danemark (5 régions sur 5), de l'Irlande (3 sur 3) de la Suède (8 sur 8), de l'Allemagne (35 sur 38) ou encore de la Slovaquie (3 sur 4).

Des taux d'emploi faibles chez les jeunes et les seniors

Les causes de la faiblesse du taux d'emploi en France sont connues. Il y a encore quelques mois, le Conseil d'analyse économique (CAE) rappelait qu'"à partir des années 1970, la France a connu une baisse historique du nombre d'heures travaillées par habitant". Non pas parce que les personnes en emploi travaillent moins mais précisément parce qu'il n'y a pas assez de personnes en emploi. Résultat, "les Français travaillent aujourd’hui en moyenne 100 heures annuelles de moins que les Allemands et Britanniques, et 300 heures de moins que les Américains", souligne le CAE.

L'organisme précise que "ce faible taux d’emploi n’est pas en cause aux âges intermédiaires, dans la tranche d’âge des 30-54 ans, où aucune différence d’emploi n’est observable avec les États-Unis, l’Allemagne ou le Royaume-Uni. En revanche, la France se distingue par des taux d’emploi inférieurs chez les jeunes et les seniors avec un décrochage dès 60 ans".

L'Hexagone se caractérise en effet par un nombre plus important de jeunes uniquement en études alors que l'Allemagne et le Royaume-Uni comptent davantage de jeunes cumulant études et emploi. La proportion de jeunes n'étant ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) est également plus élevée en France. Parce qu'ils arrêtent de travailler plus tôt, les seniors français sont aussi moins nombreux en emploi que chez nos voisins. Bien que l'écart tend à se réduire avec la montée en charge des réformes des retraites.

Enfin, le nombre total d'heures de travail des personnes peu qualifiées a chuté de 40% ces 30 dernières années. Une évolution "spécifique à la France et qui ne s’explique pas par des facteurs démographiques", note le CAE qui constate "l’effondrement du taux d’activité des moins qualifiés, chez les femmes comme chez les hommes" sans parvenir à identifier les causes réelles de ce phénomène.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco