"On ne peut pas rester au Smic sans perspective de progression": Sébastien Lecornu promet de s'attaquer aux "problèmes majeurs" du travail en France

"On ne peut pas rester au SMIC des années sans perspective de progression", a estimé Sébastien Lecornu, le Premier ministre, lors de son discours de politique générale, ce mardi 14 octobre. Il a annoncé qu'il demanderait au ministre du Travail et des Solidarités, Jean-Pierre Farandou, "d’engager dès cet automne des négociations par branche pour développer des parcours permettant aux salariés en bas de l’échelle de devenir agents de maîtrise et cadres".
"Le travail, le mérite, la volonté de progresser doivent être encouragés et récompensés", a-t-il ajouté, en promettant de "s'attaquer à deux problèmes majeurs".
"Les Français, quand ils travaillent, sont productifs. Par contre, ils accèdent trop tard au travail et en sortent trop tôt", juge le Premier ministre, rejoignant un diagnostic souvent établi sur la relative faiblesse du taux d'emploi en France (69,6% selon l'Insee) par rapport aux pays voisins (77% en Allemagne). C'est notamment ce constat qui a mené au recul de l'âge légal de depart à la retraite, réforme dont Sébastien Lecornu a annoncé la suspension.
"Le deuxième problème est qualitatif. Nous avons en proportion trop d’emplois de service moins rémunérés et pas assez d’emplois industriels qualifiés. C’est la raison pour laquelle il est urgent d’accélérer la réindustrialisation de notre pays par l’investissement et l’innovation mais aussi par notre politique énergétique", a poursuivi le Premier ministre lors de son discours.
Suspension de la réforme des retraites
Sébastien Lecornu a dévoilé les contours d'un projet de budget portant le déficit public à 4,7% du PIB en 2026, contre 5,4% cette année. "Dans tous les cas de figure, à la fin de la discussion budgétaire, il devra être à moins de 5% du PIB car cet impératif de souveraineté s'impose à nous tous", a prévenu le Premier ministre.
La mesure phare est la suspension de la réforme des retraites. Le Premier ministre va organiser avec les partenaires sociaux "dans les prochaines semaines" une conférence sur les retraites et le travail afin de discuter de "l'ensemble de la gestion du système de retraite", "améliorer les retraites des femmes" et lutter contre la pénibilité au travail.
"Cette conférence aura le temps de se prononcer avant l'élection présidentielle" en 2027, a-t-il dit dans sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée. "Si la Conférence conclut, le gouvernement transposera l'accord dans la loi et le Parlement décidera", a-t-il promis.
Le projet de budget contient également la reconduction partielle des contributions exeptionnelles sur les entreprises, sur les hauts revenus et une taxe sur les holdings familiales. Le gouvernement reprend aussi l'idée d'une l'année blanche, défendue par François Bayrou, ainsi que la suppression de 3.000 postes de fonctionnaires.