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Il laisse une entreprise "redressée et renforcée": de chef de gare à président, Jean-Pierre Farandou, cheminot depuis 45 ans, fait ses adieux à la SNCF pour entrer au gouvernement

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Celui qui a travaillé 45 ans dans la compagnie ferroviaire estime avoir réussi le redressement et la transformation de l'entreprise.

C'est une page qui se tourne à la SNCF. Après une carrière de 45 ans dont six ans à sa tête, Jean-Pierre Farandou quitte la compagnie ferroviaire, remplacé par un autre passionné du rail, Jean Castex.

Dans un message publié notamment sur LinkedIn, l'homme de 68 ans dit sa "fierté d’avoir travaillé si longtemps au service du transport collectif, et en particulier du ferroviaire, et d’avoir été président du groupe SNCF".

Il estime que que "l’entreprise s’est redressée, s’est transformée et s’est renforcée" et il faut dire que les derniers résultats financiers lui donnent raison avec quatre années consécutives dans le vert, portée par l'engouement pour le train.

Et de citer à son actif, "la gestion de la crise sanitaire du Covid-19, la croissance de toutes nos activités si indispensables à la transition écologique, l’apaisement du dialogue social, une résistance solide face au début de la concurrence sur le marché voyageurs, le niveau historique des investissements en faveur du réseau, le succès des Jeux de Paris, l’aide constante apportée à nos collègues des chemins de fer ukrainiens… "

Les syndicats ne seront évidemment pas du même avis notamment en ce qui concerne la réorganisation de l'entreprise, avec de nouvelles filiales, l'ouverture à la concurrence, les conditions de travail, les rémunérations... Autant de points qui ont généré des grèves importantes et pénalisantes ces dernières années.

"J’emporte tout ce que j’ai appris"

Jean-Pierre Farandou estime néanmoins qu'"en matière de mobilité durable, plusieurs défis restent sur la table. Je pense notamment au financement de la régénération et de la modernisation du réseau qui fut mon combat de ces derniers mois. Je crois que nous avons fait bouger les lignes". Pour autant, le plan de financement dédié reste à ce jour assez flou...

Choisi par Sébastien Lecornu pour sa capacité à instaurer un dialogue social, l'ancien chef de gare assure avoir "accepté cette mission parce que le travail et les solidarités sont des mots qui me parlent et qui m’ont accompagné tout au long de mon parcours, et j’ai considéré qu’il était de mon devoir de me mettre au service de la France dans cette période difficile".

"Aujourd’hui, je prends de nouvelles responsabilités. J’emporte tout ce que j’ai appris et vécu au sein du groupe SNCF. Le travail et la solidarité sont des valeurs qui me sont chères. Elles résonnent pour moi avec le contact humain qui est au cœur de la culture cheminote. Comme je l’ai souvent dit, je suis un infatigable du dialogue social et je vais continuer de l’être car c’est cela qui me mène au ministère du Travail et des Solidarités".

Et il aura du travail, le dossier de la réforme des retraites étant sur la table. Le PS demande "la suspension immédiate et complète" de la réforme de 2023, avec un blocage de l'âge légal à 62 ans et 9 mois mais aussi de l'allongement de la durée de cotisation.

Le camp présidentiel est divisé sur la question: si certains ne veulent pas voir détricoter un marqueur emblématique du second quinquennat d'Emmanuel Macron, d'autres espèrent une telle initiative pour tenter de sortir de la crise politique. Et c'est Jean-Pierre Farandou qui mènera les négociations.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business