Jamais depuis 1975 la France n'a compté autant de seniors en emploi mais le pays reste loin derrière la moyenne européenne (surtout chez les 60-64 ans)

Avec plus de 60% des 55-64 ans en emploi, la France bat un nouveau record mais reste cinq point derrière la moyenne européenne. - BFM Business
Un nouveau record. Pour la dixième année consécutive, le taux d'emploi des seniors (55-64 ans) a atteint un plus haut historique en 2024, à 60,4% (+2 points sur un an). Du jamais vu depuis que cet indicteur est mesuré en 1975, selon la Dares.
La proportion de seniors en emploi en France demeure malgré tout en deçà de la moyenne européenne (65,2%), l'Hexagone se situant à la 17e position parmi les 27 pays de l'UE. Mais l'écart se resserre légèrement alors que le taux français a augmenté davantage que le taux européen l'an passé (+1,3 point).
Une bonne nouvelle pour le gouvernement qui a fait de l'emploi des seniors l'une de ses priorités notamment via la création d'un CDI senior votée début juillet par les députés. Une mesure issue d'une série d'accords signés à l'automne 2024 entre les partenaires dont l'un portait sur l'emploi des seniors.
Un taux d'emploi qui augmente sous l'effet des réformes des retraites successives
À 49% en 1975, le taux d'emploi des 55-64 ans a nettement reculé dans les années qui ont suivi, en particulier après l'abaissement de l'âge de départ à la retraite de 65 à 60 ans pour une carrière de 37,5 années en 1983. La baisse s'est poursuivie jusqu'à la fin des années 1990 avant un basculement puisque l'indicateur augmente "quasi contunment depuis 2000 en lien avec les réformes des retraites allongeant les durées de cotisation puis reculant l'âge d'ouverture des droits", explique la Dares.
Il y a d'abord eu la réforme Fillon allongeant en 2003 la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein à 60 ans, puis la réforme de 2010 relevant l'âge légal à 62 ans et enfin la réforme Touraine de 2014 qui a elle aussi augmenté la durée d'assurance requise pour bénéficier d'une retraite à taux plein.
Ces reports progressifs de l'âge de départ en retraite ont mécaniquement contribué au rebond du taux d'emploi des seniors de 12,4 points au cours des dix dernières années, tandis que la part des retraités chez les 55-64 ans a diminué de 11,7 points.
Quel impact de la réforme des retraites de 2023?
Si la réforme des retraites de 2023 décalant l'âge légal de départ à 64 ans n'a pas encore pleinement produit ses effets, elle a déjà un impact sur le taux d'emploi des premières générations concernées, à savoir les personnes nées après le 1er septembre 1961 et surtout celles nées en 1962.
"Cette génération et la suivante née en 1963 sont, à âge égal, plus souvent en emploi que les générations 1959 à 1961, non concernées ou partiellement concernées par la réforme", observe la Dares. En l'occurence, le taux d'emploi de la génération 1962 à 60 ans est plus supérieur de 6 points à celui de la génération 1961 (63% contre 57%) et même de 10 points à l'âge de 62 ans (46% contre 36%).
Le service statistique du ministère du Travail constate néanmoins que la hausse du taux d'emploi à 62 ans entre les générations 1961 et 1962 "ne compense pas la baisse de la part de retraités (13 points)". Autrement dit: "la part de personnes ni en emploi ni en retraite à cet âge-là augmente pour les générations concernées par la réforme des retraites de 2023".
Un taux d'emploi qui reste faible chez les 60-64 ans
Si le taux d'emploi progressait davantage chez les 55-59 ans que chez les 60-64 ans en 2022, l'entrée en vigueur de la réforme des retraites en 2023 a produit l'effet inverse avec un taux d'emploi en hausse de 3,4 points chez les 60-64 ans et de 0,8 point chez les 55-59 ans.
Pour autant, le taux d'emploi continue de diminuer nettement avec l'âge. Il ne s'élève qu'à 42,4% chez les 60-64 ans, soit 10,7 points de moins que la moyenne européenne. Ce qui relègue la France à la 22e place de l'UE. À l'inverse, le taux d'emploi ses 55-59 ans en France est supérieur à la moyenne européenne (77,8% contre 76,8%).