La réforme des retraites a-t-elle fait augmenter le taux d'activité des seniors?

À 61,7%, le taux d'activité des seniors est en hausse en France de cinq points par rapport à l'année précédente. Une hausse liée en partie à l'allongement de l'âge de départ à la retraite, mais qui cache de fortes disparités.

Bonnes nouvelles sur le front de l'emploi. Le dernier rapport de l'Insee enregistre une hausse de la participation des seniors au marché du travail en 2023. Le taux d’activité des 55‑64 ans en France est de 61,7 % contre 56,9% en 2022. Soit 6 seniors sur 10 en emploi occupé ou en recherche d'emploi, du jamais vu depuis cinquante ans.

Dans le détail, le taux d'activité de toutes les classes d'âge proches de la retraite augmente. Celui des 55-59 ans à 81% se rapproche de celui des 50-54 ans qui culmine à 87,4%. Et c'est le taux d'activité des 60-64 ans qui observe la pente la plus forte avec une augmentation de 6,2 points sur cinq ans pour s'établir à 41,6%. Loin très loin des taux enregistrés autour des années 90.

Une augmentation imputable en partie aux réformes des retraites successives

C'est bien le taux d'activité de la classe d'âge entre 60 et 64 ans qui est à scruter. C'est pour elle que les réformes des retraites engagées depuis la fin des années 90 jouent à plein. De plus, l'embellie du taux d'activité devrait se poursuivre.

Le taux d'activité des seniors augmenterait encore nettement en France. Le taux d'activité des personnes âgées de 60 à 64 ans atteindrait 61% en 2030 et 71% en 2070", selon le rapport de l'Insee.

Autre motif de satisfaction, c'est bien la hausse du taux d'emploi le principal vecteur de cette hausse du taux d'activité, en hausse de 25 points sur 20 ans pour les 60-64 ans.

Les seniors travaillent en effet plus jusqu'à l'acquisition de leurs droits. Le cumul emploi-retraite reste assez rare. Seules 13% des personnes continuent de travailler après liquidation des droits à la retraite. Les plus nombreux d'entre eux se trouvent parmi les diplômés du supérieur et les indépendants. Pour une grande majorité de ceux qui continuent à travailler, il faut y voir un motif financier: percevoir un revenu complémentaire au montant de la pension.

Des disparités fortes par classe d'âge et par rapport aux autres pays européens

Mais la hausse moyenne du taux d'emploi cache des disparités en fonction de l'âge. Si le taux d'emploi est fort à 55 ans, avec près de 8 personnes sur 10 en emploi, il décline au fur et à mesure de l'âge pour ne concerner que 4 personnes sur 10 entre 60 et 64 ans. L'étude souligne que cette situation est le plus souvent subie et parfois imputable à des raisons de santé ou de handicap.

Enfin, le taux d'activité des seniors français reste à la traîne des autres pays de l'Union européenne. À 61,7%, il s'établit bien en dessous de la moyenne et décroche de 15 points avec celui de l'Allemagne. Suède, Allemagne et Suisse constituent le trio de tête.

Continuer de renforcer le taux d'emploi

Si la réforme des retraites, en incitant à travailler plus longtemps pour liquider à taux plein joue mécaniquement sur le taux d'activité des seniors, elle ne résout pas la question du chômage de cette population plus expérimentée. Le gouvernement a fixé l'objectif de passer à un taux d'emploi pour les 60-64 ans de 65% "à l'horizon 2030". Soit 26 points de plus qu'actuellement.

La question de l'emploi des seniors a ainsi été un corollaire indispensable aux discussions sur les réformes du système d'assurance-chômage engagées depuis l'année dernière. Un bonus à la reprise d'emploi avait été proposé par le gouvernement pour inciter à accepter des emplois moins bien rémunérés. La réforme est pour l'instant suspendue. Et celle des retraites dans le viseur de la nouvelle Assemblée nationale.

Marine Landau